Après le Mali, le Burkina Faso et le Niger, c’est au tour du Gabon d’être le théâtre d’un coup d’Etat conduit par des militaires qui ont déposé le président Ali Bongo Ondimba, aussitôt l’annonce de sa victoire dans les élections présidentielles pour lesquelles il était candidat à sa propre succession.
Le coup d’Etat de ce jour, mercredi 30 août 2023, était déjà pressenti par beaucoup d’observateurs et des mesures draconiennes avaient été prises avant la fermeture des bureaux de vote : l’internet a été coupé dans tout le pays et un couvre-feu décrété ‘pour parer à d’éventuelles violences’, a expliqué le gouvernement.
Dénonçant une ‘gouvernance irresponsable, imprévisible, qui s’est traduite par une dégradation continue de la cohésion sociale, risquant de conduire le pays au chaos’, les militaires putschistes estiment aussi que les ‘les élections n’avaient pas rempli les conditions d’un scrutin transparent.
Après le coup d’Etat, les militaires ont annoncé la fermeture des frontières du pays jusqu’à nouvel ordre et la dissolution de toutes les institutions. Le président Ali Bongo est apparu en milieu d’après-midi dans une vidéo par laquelle il a confirmé être assigné à résidence et ne pas être au courant du sort de sa famille dont son fils et conseiller donné pour avoir été arrêté et accusé de haute trahison.
Plus de 55 ans de règne de la famille Bongo
Omar Bongo Ondimba, le père d’Ali Bongo a dirigé le pays pendant 41 ans, du 2 décembre 1967 à sa mort le 8 juin 2009 et son fils Ali Bongo lui succéda jusqu’à aujourd’hui, soit un règne de plus de 55 ans de la famille Bongo. Omar Bongo a été ‘installé’ au pouvoir par le général de Gaulle et Jacques Foccart, il était considéré comme un des piliers de la Françafrique. Il a permis à des entreprises françaises d’exploiter les ressources gabonaises ‘de manière très favorables’ et on lui prête le financement occulte de plusieurs partis français.
Ali Bongo Ondimba, le fils, est élu président du Gabon en 2009, après la mort de son père, mais il y avait de fortes suspicions de fraude, de même que lors de sa réélection en 2016. Ce deuxième mandat est marqué par une instabilité ministérielle, en plus d’un grave AVC qu’il a eu en 2018 et à la suite duquel il a failli être renversé après une tentative de coup d’Etat en 2019.
Le nouvel homme fort du Gabon
Brice Clothaire Oligui Nguéma, le nouvel homme fort du Gabon, est un neveu du président déchu et commandant de la Garde Républicaine, ce qui laisse assez sceptique nombre d’observateurs qui estiment que ce n’est là qu’une révolution de palais. Il a été formé à l’Académie Royale marocaine militaire de Meknès. D’ailleurs la réaction de Paris laisse supposer que c’est bien le cas car, si, après le coup d’Etat du Niger la France a réagi avec beaucoup de vigueur et de fermeté, c’est sur un autre ton que Catherine Colonna, la ministre française des affaires étrangères : ‘’les autorités françaises suivent de près l’évolution des évènements’’, s’est-elle contentée de déclarer.
Des images de la télévision montrent le général Oligui Nguéma porté en triomphe par des centaines de militaires.
Réactions internationales
Aussitôt connue, l’information concernant ce nouveau coup d’Etat dans un pays de la Françafrique, a suscité les réactions de la communauté internationales qui, en général, condamne les coups de force, notamment de la part de militaires. Ainsi, la Maison Blanche dit suivre de très près la situation au Gabon, ‘la situation au Gabon est préoccupante’, assure le Commonwealth que le Gabon a rejoint l’année dernière, l’Union Africaine condamne fermement le Coup d’Etat alors que la Chine a appelé à ‘’garantir la sécurité du président Ali Bongo’’. L’URSS a aussi fait part de sa profonde préoccupation.
Dernières nouvelles
En fin d’après-midi, les putschistes ont annoncé que le président Ali Bongo est ‘’mis à la retraite’’.
Le Général Oligui Nguéma est nommé ‘’président de la transition’’.
Les putschistes ont rétabli la diffusion des médias français suspendus.
Le couvre-feu est maintenu jusqu’à nouvel ordre.
Tahar Mansour