Covid19 : Réveil brutal des consciences
C’est comme si nous nous trouvions dans une profonde léthargie et que nous nous soyons réveillés en plein cauchemar, mais malheureusement très réel, avec l’odeur de la mort très prenante et très présente, une angoisse grandissante chez l’ensemble des citoyens.
L’Algérien vit, ces derniers jours, dans une peur parfois diffuse, parfois incontrôlable, d’une mort subite, causée par une créature invisible, inodore, impitoyable, ramenée on ne sait d’où, qui a causé des ravages partout dans le monde.
Les masques chirurgicaux ont refait leur apparition après avoir été abandonnés par la majorité des gens, confiants dans des statistiques pas toujours justes qui nous annonçaient presque la victoire sur le coronavirus.
Nous avions, dans ces mêmes colonnes, attiré l’attention de nos concitoyens sur la gravité d’abandonner cette barrière sanitaire que nous nous étions imposée depuis l’apparition de la pandémie, à l’instar du port de masque de protection, de la distanciation physique ou de l’hygiène régulière des mains et du visage.
Nous nous souvenons des longues chaines compactes devant les bureaux de poste, à l’intérieur des bureaux de certaines administrations accueillant les citoyens, dans les marchés, dans les cafés et même au niveau des places publiques.
Les gens ne portaient pas de masques de protection, s’embrassaient à tout-va, échangeaient le gobelet de café entre plusieurs camarades et ne pensaient même pas qu’ils puissent être contaminés ou touchés par ce virus, ô combien mortel qui s’est caché quelque temps pour se régénérer et ressortir pour emporter encore plus d’âmes innocentes et pleines de vie.
Durant plusieurs mois, la majorité des algériens se complaisaient dans une attitude presque provocatrice envers eux-mêmes et envers les pouvoirs publics, comme si ce virus n’allait plus les attaquer et les emporter.
Mais, depuis quelques jours, alors que les statistiques, toujours pas si justes mais assez représentatives, ont commencé en flèche, que nous apprenions la mort de proches que nous savions en pleine santé, que des familles entières étaient décimées parmi nos voisins, nos parents et nos connaissances, tout le monde a vu sa conscience se réveiller.
Les discussions ne tournent qu’autour de la mort, une angoisse diffuse, la peur de l’inconnu trop présent mais invisible, la peur de la mort subite, la peur des souffrances quand le malade du covid19 ouvre grand sa bouche à la recherche d’oxygène qui ne parvient plus à ses poumons, quand les mères, les pères, les époux et les épouses et les enfants se rendent à l’hôpital et trouvent le lit de leur parent vide et comprennent qu’il est déjà trop tard.
Ni les pleurs, ni les regrets, ni les implorations ne feront revenir nos morts ni ne nous éviterons tant de souffrance.
La seule solution réside dans nos comportements, dans notre volonté de faire face à la mort, dans notre conscience du danger et dans la manière dont nous appliquons les mesures recommandées par des spécialistes de la santé qui savent ce qu’ils disent et ce qu’ils font.
Pourquoi faudrait-il qu’il y ait des campagnes de sensibilisation quand tout se passe devant nos yeux, que l’odeur de la mort nous poursuit jusque dans nos demeures, que nous voyons partir ceux que nous aimons ?
La sensibilisation devrait être le corollaire de toutes ces peurs, ces paniques et cette angoisse que nous vivons quotidiennement dans notre chair et dans notre esprit, elle devrait se retrouver partout devant les bureaux de poste, chez l’épicier, dans les marchés ou dans la rue, et même chez nous.
Les gestes à faire sont simples, compréhensibles à tous, réalisables, il faut juste mettre un masque de protection, se tenir assez éloigné des autres, se laver les mains, éviter autant faire se peut de se mêler aux foules compactes et, maintenant, il faut aller se faire vacciner.
En parlant de vaccin, nous voyons, enfin, que les consciences se sont réveillées, que les croyances ont été mises de côté, que la peur ou l’incrédibilité ont été dépassées, les gens se font vacciner et se démènent pour cela, chacun affirme fièrement qu’il s’est fait vacciner, surtout que les pouvoirs publics ne lésinent sur aucun effort pour toucher le plus grand nombre de citoyens et de les vacciner, gratuitement, sans aucune contrainte que la présentation de la carte nationale d’identité pour un suivi régulier et l’établissement d’une carte spéciale de vaccination.
Espérons enfin que nous pourrons, grâce à ce réveil, brutal mais salvateur, dépasser cette énième vague pandémique et, surtout, ne jamais baisser la garde car le virus n’attend que ces occasions que nous lui donnons pour nous attaquer de nouveau, avec plus de férocité. Prions Dieu pour nos morts et pour nous-mêmes.
Tahar Mansour