Par Arslan Chikhaoui
Les Chefs d’Etat Major des Etats de Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont établi récemment a Accra les détails opérationnel de l’action militaire potentielle visant dite de rétablissement de l’ordre constitutionnel au Niger suite au coup d’Etat du 26 juillet 2023 contre Le président Mohamed Bazoum.
Selon les propos du Général Christopher Gwabin Musa, CEM de la défense du Nigeria: ” l’armée n’est qu’un outil pour le gouvernement, pour la CEDEAO,…. et que rien ne sera acté avant que la Commission de la CEDEAO ne prenne une décision finale.”
En terme d’analyse, si le déploiement de la «force en attente» de la CEDEAO a été décidé, elle n’interviendra sur le territoire du Niger qu’en cas d’échec des multiples actions de dialogue, de médiation politique de pacification en cours. En effet, le commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de la CEDEAO, Abdel-Fatau Musah a indiqué : “….Au moment où nous parlons, nous préparons toujours une mission de médiation dans le pays, nous n’avons donc fermé aucune porte……. Le jour J a été décidé….. et la CEDEAO cherchait toujours à s’engager pacifiquement avec les chefs militaires nigériens. Il est clair que la CEDEAO peine a trouver la bonne formule politico-diplomatique de compromis. Il demeure qu’en cas d’action militaire la zone dites des trois frontières implosera avec un effet dévastateur dan la région du Sahel et de l’Afrique du Nord. A travers l’histoire contemporaine , les interventions militaires n’ont fait qu’embourber les pays receptacles de l’intervention militaire et les pays intervenants. Nous pouvons citer les cas du Cambodge, du Laos, le Vietnam, l’Afghanistan, l’Irak, le Yelen, la Libye et d’autres.
L’Algérie qui partage une longue zone frontalière avec le Niger est, par voie de conséquence, directement exposée aux impacts d’une crise et conflit de moyenne intensité.
Nombre d’observateurs mettent en exergue que la décision de la CEDEAO d’intervenir militairement ne va que compliquer la situation de la vaste région du Sahel qui s’étend de l’Atlantic à la Mer Rouge intégrant la bande Sahélo-saharienne. Toute cette région est minée par les fléaux multifacettes et interconnectés que sont le terrorisme extrémiste, le narco-trafic, la traite humaine, la migration clandestine et le trafic d’armes. De plus, les approvisionnements en ressources naturelles destinées à l’industrie alternative décarbonée et “mineralivore” risquent d’être compromis et accentuent la crise économique mondiale.
De notre point de vue, a ce stade il n’y a pas eu de médiation concréte et sérieuse sachant qu’une médiation inclusive de pacification sinscrit indéniablement dans le temps et l’espace. En terme d’analyse, nous considérons qu’il y a une précipitation de certains pays membres de la CEDEAO qui agit sous pression d’acteurs de puissance non régionaux afin de déployer sa force militaire et créer un nouveau théâtre de guerre en parallèle de celui qui est sur le continent européen. Le jeu d’influence et de concurrence entre les acteurs extra-régionaux de puissance (France, Etats-Unis, Chine et Russie) en raison des richesses en minerais stratégiques du Niger s’affirme clairement au travers la déclaration finale du Sommet de la CEDEAO et sa mise en œuvre.
Selon des observateurs avertis, l’intervention militaire étrangère au Niger pose un défi majeur à l’Algérie qui craint que l’entrée d’armées étrangères sur le sol nigérien ouvre le champ à davantage d’instabilité dans la région avec un impact direct sur la sécurité et la stabilité économique de l’Algérie. En effet, l’intervention militaire peut entrainer l’expansion des groupes terroristes dans la région face aux armées étrangères et augmentera le déplacement des populations et par conséquent le flux migratoire clandestin et son corolaire le narcotrafic.
Il est incontestable que la pacification par la voie du dialogue politique inclusif soutenue, présentement, par les Etats Unis d’Amérique selon la dernière déclaration de son Chef de la diplomatien Blinken demeure la solution la plus appropriée car la solution militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger risque l’implosion de toute la région subsaharienne sans perspective à court terme de retour à la stabilité et ralentir tout élan de développement économique régional. Cette question est d’ores et déjà inscrite au prochain sommet des BRICS.
Dr. Arslan Chikhaoui Expert en Géopolique et membre Foum Defense et Sécuté et du Groupe de travail “Track 2” UNSCR-1540 du système des Nations Unies.