Crise libyenne : Le président El-Menfi en médiateur entre les deux Premiers ministres rivaux
Face à la crise libyenne qui n’en finit plus de s’exacerber, c’est le président du Conseil en personne, Mohamed Rl Menfi, qui vient de monter aux premières lignes, histoire de tenter de dégager un terrain d’entente entre les deux Premiers ministres concurrent. Deux chefs de gouvernement pour un seul pays, c’est trop. Afin de tenter de désamorcer la crise qui s’annonce, le chef de l’État a reçu Abdulhamid al-Dabaiba puis Fathi Bachagha, ces deux responsables qui se disputent le même fauteuil exécutif à la tête du gouvernement libyen. La Libye est plongée dans un nouvel imbroglio politico-constitutionnel depuis la nomination par la Chambre des représentants d’un nouveau Premier ministre en la personne de Fathi Bachagha, ex-ministre de l’Intérieur du Gouvernement d’accord national (GNA). Problème : comme l’a fait savoir la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul) après la nomination de Bachagha, le Premier ministre reconnu par la communauté internationale demeure Abdulhamid al-Dabaiba, qui a été nommé après la victoire de son ticket au Forum du dialogue politique libyen organisé à Genève en février et mars 2021. Une situation qui inquiète fortement le président du Conseil présidentiel, Mohammed el-Menfi, parvenu au poste suprême en même temps qu’Abdulhamid al-Dabaiba accédait à la primature. Selon des informations recoupées et dignes de foi, le président libyen a ainsi reçu séparément les deux Premiers ministres au Conseil présidentiel, Abdulhamid al-Dabaiba le 13 février et Fathi Bachagha, le lendemain. Il les a informés qu’il refusait de voir le pays plonger dans un nouveau conflit pour des questions de rivalités personnelles. Mohammed el-Menfi estime que la concurrence délétère entre les deux hommes est une affaire à régler entre Misratis – Dabaiba comme Bachagha sont originaires de la puissante cité de Misrata, qui compte les milices parmi les mieux équipées du pays. Il a donc enjoint aux deux hommes de négocier directement entre eux afin de ne pas entraîner le pays dans la guerre. Il a également insisté sur le fait que, quel que soit le Premier ministre qui sera finalement retenu, ce dernier devra exercer son mandat dans le cadre des accords de Genève, c’est-à-dire mener le pays à des élections présidentielle et législatives dès que possible. La Turquie a déjà fait savoir qu’elle favorisait un maintien d’Abdulhamid al-Dabaiba. En revanche, et toujours selon nos informations, Paris, Le Caire et Moscou ne seraient pas contre son remplacement par Fathi Bachagha. C’est dire que rien n’est encore joué, et que ce pays n’est désormais pas sorti de l’auberge. Les nombreuses ingérences étrangères ne font d’ailleurs qu’exacerber cette crise…
Mehdi Ghayeb