Critiquant la visite de Macron en Algérie, le philosophe Michel Ofray affirme :
« On sait très bien que ce pays (l’Algérie) nous déteste depuis 1962 » :
C’est une phrase qu’a prononcée le ‘philosophe’ français Michel Ofray au micro de CNews qui l’a invité dernièrement pour qu’il s’exprime à l’occasion de la visite de Macron en Algérie : « On sait très bien que ce pays nous déteste depuis 1962 » et qui nous interpelle, nous algériens, à bien des égards.
La première remarque à faire, c’est que ce philosophe, ou qui se prétend tel, veut éluder 132 années de colonisation sauvage, de tueries, de spoliations, de vols de richesses, 132 années, dont les 7 années de la guerre de libération nationale au cours de laquelle la France coloniale a utilisé le napalm contre des populations civiles, la torture systématique et les destructions des habitations et des biens des algériens.
Michel Ofray affirme que l’Algérie les hait depuis seulement 1962, pourquoi cette date ? Par ignorance ou par calcul ? C’est la deuxième réponse qui vient directement à l’esprit car ce philosophe essaie de faire oublier la raison qui a amené l’Algérie à les détester. D’ailleurs il avait commencé son fiel en affirmant que : « il y a un problème avec l’Algérie car on les laisse tenir un discours fautif », et quel discours voudriez-vous qu’on tienne ? Qu’on vous remercie de nous avoir colonisés 132 années, de nous avoir tués, enfumés, réduits en esclavage ? Bien sûr que vous êtes fautifs, vous avez laissé derrière vous un pays meurtri, un pays disloqué, un pays qui n’avait plus rien, vous avez tout détruit avant votre départ.
Laissez-moi vous raconter mon histoire et vous dire pourquoi nous vous détestons depuis 1830. En 1960, j’étais en cours Préparatoire 2ème année, le jour de la rentrée, étant plutôt myope, je choisis la première table d’une rangée de la classe et je m’y assoyais. Quand tous les élèves furent assis, il restait trois petits français debout, faute de tables. Au lieu d’aller en chercher d’autres, la maitresse, qui ne nous connaissait pas encore, a choisi trois arabes, au hasard, ceux qui étaient aux premières tables des rangées : « toi, toi et toi, levez-vous ! ». Nous nous sommes levés, elle nous a ordonné de prendre nos petits cartables cousus par nos mères et fit asseoir les trois petits français à notre place. Pour nous autres, moi et mes deux malheureux camarades, nous avons dû refaire le cours Préparatoire 1ère année, alors que j’étais, sans aucune prétention, le meilleur élève de la classe, mais elle ne le savait même pas, j’étais ‘’un ARBI’’, et il fallait faire asseoir les trois français. Pour nous trois, nous avons dû refaire la 1ère année préparatoire ! Voilà ce que faisait la France coloniale !
Ceci n’est qu’un pan de quelques centimètres carrés du vaste territoire de l’Algérie où vous vous êtes adonnés à cœur joie à vos jeux favoris : ‘casser’ de l’indigène, le bruler au napalm, l’enfumer, le plumer et le déplumer, prendre ses terres, ses richesses et en faire des esclaves pour vous servir. Quel sentiment croyez-vous que nous allions avoir pour vous ? Vous aimer à la folie ou vous remercier pour nous avoir fait connaitre votre civilisation nauséabonde ? Bien sûr que nous vous détestons, surtout ceux, comme vous, qui ne veulent toujours pas admettre que nous sommes des êtres humains et que nous avons les mêmes droits et les mêmes devoirs.
Notre discours que vous qualifiez de fautif l’est en effet, tout ce qui arrive en Algérie depuis l’indépendance est le résultat de votre politique de l’indigénat, de ségrégation, d’obscurantisme envers les vrais propriétaires de l’Algérie. Vous ne vouliez pas que nous étudions, même si vous nous faisiez entrer à l’école, vous avez créé le cours ‘’fin d’études’’ (après le CM2) où vous dirigiez tous les petits algériens, sauf quelques fils de Caïds et de Bachaghas qui vous étaient tout dévoués. Les autres, ils passaient une année en fin d’études et étaient chassés de l’école, sans avoir rien appris, juste quelques mots de français pour qu’ils comprennent vos ordres.
Lorsque nous vous avons chassés en 1962, vous n’avez laissé derrière vous que mort, désolation, analphabétisme, pauvreté. Par la suite, vous avez tout fait pour nous empêcher de nous émanciper, en utilisant la corruption, les magouilles, les manœuvres, vous avez utilisé les taupes laissées derrière vous pour saboter tout ce que les algériens entreprenaient pour se développer, les responsables qui ne voulaient pas vous obéir, vous les avez tués. Même si, comme vous le dites, c’est l’armée qui a gouverné jusqu’ici, ou c’est le FLN, notre armée et le parti FLN sont composés d’algériens qui ne voudraient jamais vendre leur pays, c’est d’ailleurs pour cela que vous les dénigrez.
Quand au président français Emmanuel Macron dont vous critiquez la politique envers l’Algérie, dont vous critiquez les positions et les déclarations concernant la colonisation française en Algérie, eh bien, lui a eu au moins le courage de reconnaitre les crimes de son pays à l’encontre des algériens, il essaye peut-être de rendre justice, il a au moins fait des gestes pour apaiser les mémoires et recoller quelques fractures.
Quant à vous, vous considérez l’Algérie toujours comme un territoire d’outre-mer, comme une colonie et ses habitants comme vos esclaves. Non, l’Algérie est libre et indépendante depuis le 5 juillet 1962, l’Algérie appartient aux algériens qui sont des personnes, ne vous en déplaise, sensées, développées, intelligentes, fières et propres.
Tout ce qui vous fait peur, c’est que l’Algérie reprenne sa place parmi les nations, c’est que l’Algérie dont vous spoliez les richesses n’est plus la même, elle est désormais dirigée et guidée par des patriotes intègres, par des hommes qui ont chassé vos sbires et qui traitent avec vous de haut !
La visite d’Etat de votre président en Algérie ne vous a pas plus ? C’est à votre convenance, nous sommes des démocrates, mais ne cherchez jamais à dénigrer l’Algérie car tout ce que vous voulez cacher en éludant les 132 années de colonisation se retourneront contre vous !
Tahar Mansour