Le président de l’Association des anciens du MALG (Ministère de l’Armement et des Liaisons générales) a déroulé, ce matin au Forum d’El-Moudjahid, l’historique de la création de la radio secrète « La voix de l’Algérie » (Sawt El Djazaïr).
Le canal a été exploité pleinement dans la répercussion des échos de la guerre de libération nationale et la sensibilisation sur le droit des algériens a l’autodétermination de leur sort. En amont, des radios, dans des pays arabes (Égypte et Tunisie notamment), aidaient la révolution, en lui consacrant des créneaux dans la grille de leurs programmes, a rappelé l’invité du Forum du quotidien public.
Il a nuancé, néanmoins, le soutien réel de ces supports médiatiques dès lors qu’il imposaient, aux relais de l’Algérie, des lignes rouges à ne pas transgresser en matière de propagande contre le colonisateur. En 1956, Abdelhafid Boussouf a créé un réseau de transmission au service du FLN et de l’ALN.
Il a réussi à former, en un temps record eu égard à l’inconsistance de la logistique dont disposait les artisans de la révolution, 800 opérateurs dans différentes techniques et postes.
Selon Ould Kablia, le patron du service du renseignement a jugé impératif de créer une radio algérienne, qui conférerait une liberté absolue aux portes-parole de la cause nationale. Il a mis à profit le réseau mis en place dans le domaine de la transmission. Rapidement, il est parvenu à obtenir, par des moyens retors, un BC 610.
Le radio-émetteur, de puissance 400 mégawatts utilisé par le Corps des transmissions de l’armée américaine durant la deuxième guerre mondiale, à été adapté à sa nouvelle fonction par le branchement d’un démodulateur de fréquence, d’une antenne, d’un manipulateur, d’une prise de son et d’un groupe électrogène.
La radio a émis son premier programme, le 16 décembre 1956, dans la région du Rif marocain a 20h, en français (Abdelmadjid Meziane), en arabe (Benchikh) et en Tamazight. Elle a été lancée sous le slogan : «Ici la Radio de l’Algérie libre et combattante, la voix du Front de libération s’adresse à vous, du cœur de l’Algérie».
Les thématiques abordées portaient sur l’histoire du pays explorée sur des millénaires passés, la politique coloniale et la quête de l’indépendance par les armes et par la voie diplomatique.
Intarissable sur les réminiscences de l’histoire et généreux en détails, l’ancien malgache a raconté que la radio a capté l’intérêt des algériens et gagné en audience.
Les militaires français se sont échinés à la parasiter en utilisant la même fréquence puis ont carrément bombardé la zone où se trouvait la station mobile.
Nullement découragé, Abdelhafid Boussouf a ramené, une année plus tard, un appareil plus puissant (5000 mégawatts), qu’il a localisé à proximité d’une caserne.
« Il n’y avait par meilleur endroit pour le protéger contre les attaques » a expliqué le conférencier. La deuxième radio a été lancée en mai 1959. « J’ai assisté à l’événement aux côté de Saad Dahleb (ministre des affaires extérieures dans le gouvernement provisoire ndlr). J’ai rédigé, sur sollicitation de Boualem Bessaieh, un billet politique puis j’ai assuré le programme en français pendant 4 mois. Le média a été animé par une équipe de professionnels » a-t-il rapporté.
« Un studio d’enregistrement a été installé dans la ville de Chartres (France). Des journalistes travaillaient pour la cause algérienne et contre la révolution en même temps. Comme il ne réussissaient pas à insinuer le doute dans les esprits, ils ont abandonné la partie et nous ont laissé étoffer les programmes de la radio à notre convenance » a-il-poursuivi.
Après la constitution du gouvernement provisoire, Boussouf a passé le flambeau au ministre de l’information Mhamed Yazid.
« La guerre des ondes a été gagnée par le FLN » a conclu l’ancien ministre de l’Intérieur et des collectivités locales.
Soulef B.