« C’était un véritable acte de provocation ». C’est en ces termes que l’ancien ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a qualifié la propension du président Emmanuel Macron à dénier, à la nation algérienne, une existence antérieure à la colonisation française.
Le rétropédalage qu’il a amorcé, le jour de commémoration du massacre du 17 octobre 1961, ne le dédouane pas de la dérive verbale qui a exacerbe les tensions entre les deux pays, a estimé l’invité du Forum d’El-Moudjahid.
« Engager la seule responsabilité de Papon dans le massacre est faux. Un préfet de police agit sous l’autorité de l’Etat » a-t-il corrigé avant de revenir aux déclarations de Macron sur l’Algérie. Il a jugé, inconcevable que le chef de l’Etat français, puisse ignorer les fonds et les tréfonds de 132 ans d’histoire commune.
Il a argumenté son analyse par une déclaration de Macron, en 2017 lors d’un déplacement à Alger. Dans une interview accordée à un média national, celui qui n’était qu’un candidat à la présidentielle avait clairement imputé au colonisateur, « un crime contre l’humanité. C’est une vraie barbarie, et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes» .
Pour Daho Ould-Kablia, « Macron ne doit pas seulement demander pardon aux Algériens, mais il faudrait qu’il arrive à convaincre les français de la réalité des crimes que leur État a commis en Algérie».
Il est convaincu, a-t-il confié, que le locataire du Palais de l’Elysée gère l’épineux dossier de la mémoire sous l’influence du rapport y afférent établi par Benjamin Stora .
« Je conteste ce rapport car il occulte l’essentiel. Il n’évoque pas explicitement les vraies raisons qui ont incité les français à envahir l’Algérie en 1830, cendré à dire exploiter les richesses de l’Algérie pour payer leurs dettes et assurer leur survie » a asséné Daho Ould-Kablia.
Il a relevé, en outre, que ledit document ne fait pas allusion à le politique d’expansion de l’occupation française d’Alger vers les autres régions du pays.
« Je suis contre les illuminés qui disent que les français ont construit un pays et ont ramené la civilisation. Ils l’ont fait pour eux.
Les Algériens étaient cultivés avant leur arrivée » a-t-il soutenu. Il a salué la réaction des pouvoirs publics et du peuple, qui « sont sur la même longueur d’onde et rejettent les propos de Macron, qui sont une offense pour le pays».
En épilogue il a reconnu que « les blessures sont profondes » et le chemin de l’apaisement est encore long.
Soulef Biskri