Dans un discours à l’AG de l’ONU : Le Premier ministre malien critique ouvertement la France
Dans un discours critique à l’égard de l’armée française, Choguel Maïga a tracé les contours d’une réorganisation de la lutte antiterroriste au Mali, le jour même où le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, confirmait la prise de contact entre des mercenaires russes et le gouvernement de transition malien.
La nouvelle situation née de la fin de l’opération Barkhane, plaçant le Mali devant le fait accompli et l’exposant à une espèce d’abandon en plein vol, nous conduit à explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome ou avec d’autres partenaires, de manière à combler le vide que ne manquera pas de créer la fermeture de certaines emprises de Barkhane dans le nord de notre pays.
La rumeur d’un accord entre les mercenaires russes du groupe Wagner et le gouvernement malien circulait depuis plusieurs jours. Elle avait déjà provoqué une confrontation diplomatique entre le Mali et la France, alliée de la lutte « antiterroriste » au Sahel présente dans le pays depuis 2013.
Le discours du Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, prononcé à la tribune de l’ONU le samedi 25 septembre, n’apaisera pas les tensions et confirme le désamour Paris-Bamako. Le chef d’État africain a dénoncé avec véhémence l’abandon en plein vol des forces françaises dont le retrait progressif a été amorcé au début de l’été. Ce “coup de sang”, comme le décrit l’autre quotidien burkinabé.
Le Pays, survient dans un moment critique, le week-end où la France apprenait la mort d’un nouveau militaire français engagé dans l’opération Barkhane, Maxime Blasco, décédé à l’âge de 34 ans.
Le même jour, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a confirmé l’implication au Mali d’une entreprise de défense et de sécurité russe, sans mentionner nommément le groupe Wagner.
La prise de parole du Premier ministre à la 76e Assemblée générale des Nations unies est un appel à changer de paradigme en matière de sécurité au Sahel. Critique à l’égard de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali), Choguel Maïga a cependant assuré « qu’il n’existe pas de sentiments anti-Minusma au Mali, pas plus qu’il n’existe de sentiments antifrançais ».
Il justifie en réalité le recours aux mercenaires russes par le retrait annoncé de Barkhane. Un demi-aveu d’échec pour le gouvernement militaire qui a confirmé, le dimanche 26 septembre, une probable prolongation de son régime de transition, mis en place à la suite du putsch contre Ibrahim Boubakar Keïta.
La souveraineté ne se proclame pas. Elle se vit ou se constate à travers des actes concrets et non par des sorties primesautières qui, parfois, frisent parfois le ridicule. Malgré les effectifs militaires déployés dans le pays, le Mali est régulièrement endeuillé par des attentats terroristes.
Ces tragédies touchent principalement le nord du pays, mais également des régions qui se trouvaient encore récemment à l’abri du terrorisme, comme dans le sud où au moins cinq attaques ont été enregistrées depuis le début du second trimestre 2021.
La France, géant aux pieds d’argile, n’en finit plus de manger son pain noir depuis sa terrible déconvenue des sous-marins destinés à l’Australie.
Cette tendance risque en effet de s’accentuer depuis que Washington a décidé de réviser foncièrement ses priorités, ses alliances et ses confrontations…
R.I