Décès de Leila Ferhat
La doyenne des plasticiennes oranaises s’en va
Grande tristesse dans le milieu des arts plastiques algériens. Leila Ferhat n’est plus. La doyenne des plasticiennes oranaises s’en est allée, après avoir consacré l’essentiel de sa vie à la peinture.
Née à Mascara en 1939, Leila Ferhat se souvient avoir toujours dessiné. Dès la prime enfance. Aussi, lorsqu’elle aura l’occasion de vivre pleinement sa passion, elle n’hésite pas. Elle quitte sa ville natale pour Oran où elle s’inscrit à l’École Nationale d’Architecture et des Beaux-arts d’Oran. En juin 1969, elle décroche son CAFAS (Certificat d’Aptitude à la Formation Artistique), elle se rend ensuite à Alger pour intégrer l’École des Beaux-arts d’Alger où elle est prise sous la houlette de grands maîtres tels que Mohamed Issiakhem, Choukri Mesli…
Commençant à exposer à partir de 1975, signant ses œuvres Leila, l’artiste attire très vite les regards. Son œuvre est flamboyante, tout comme elle. Elle traduit le moi profond de cette artiste qui chemine doucement mais sûrement sur les sentiers escarpés de la scène plastique algérienne.
Sa peinture évolue au fil des décennies, signe d’une grande maturité plastique. La thématique change elle aussi, allant des préoccupations quotidiennes aux grands bouleversements qui traversent le monde comme cette série de peintures sur la guerre d’Irak, exposée au Palais de la culture « Moufdi Zakaria », sur le plateau des Annassers. Ces toiles mises en vente au profit de l’Irak exprimaient à la fois le chaos de la guerre mais aussi l’espoir et la vie surgissant des décombres. Mais, par-dessus tout, Leila Ferhat aimera peindre la femme. Elle a confié un jour à ce sujet : « « Mon sujet préféré reste la femme, femme au travail, femme libre, femme auprès de l’homme… ».
Leila Ferhat exposera dans plusieurs villes d’Algérie et dans plusieurs pays (au Maghreb, en Europe, en Amérique du nord et en Amérique du sud, aux Emirats arabes unis…) et partout, l’engouement du public est manifeste. Elle glanera en cours de route quelques récompenses (Premier prix de peinture au vernissage organisé par le Comité des fêtes de la ville d’Alger, en 1977, médaille d’Or au Salon international de Riom, en France en 1980 et la médaille d’Or à Puy-en-Velay, en France en 1982) ce qui lui apportera du baume au cœur et l’encouragera à poursuivre sur cette voie. Un choix assumé et jamais regretté en dépit des embûches et des difficultés.
Beaucoup pleurent aujourd’hui la perte de cette grande dame de la peinture algérienne mais l’œuvre qu’elle laisse derrière elle demeurera à jamais le témoin de son génie.
Lamia B.