Décryptage/ De Gdeim Izik à Nador…
Le carnage qui s’est produit à Nador, non loin des frontières marocaines avec l’Espagne, n’est pas du tout un phénomène isolé, tant dans le temps que dans l’espace. Il trahit au contraire la nature véritable du régime de Mohamed VI qui, après les sanglantes années de son père, a tenté de s’acheter une sorte de nouvelle virginité, en se composant le masque trompeur et mensonger d’une sorte de régime BC-BG. Oui, le régime de Mohamed VI est bien pire que celui de Hassan II. En sus du caractère sanglant et répressif du second, le premier adjoint le mensonge, l’hypocrisie et la… démocratie. Claude Mangin, épouse de Naama Asfari, qui combat ce régime depuis bon nombre d’années, et qui en connait les moindres failles et détails, a été la première à constater pour nous que le régime de Mohamed VI est bien pire que celui de Hassan II, avec ses prisons secrètes, ses tortures et ses disparus dont plus personne n’entendra jamais parler. Cet inquiétant constant ne doit plus jamais être occulté, ni démenti, par personne. Tout le monde a vu comment des centaines de malheureux migrants, se trouvant tous à l’article de la mort, ont été traités comme des objets inanimés. En regardant, horrifiés, ces insoutenables images, il nous est impossible de ne pas penser au carnage qui s’est produit (à huis-clos) une dizaine d’années plus tôt. A Gdeim Izik, non loin de la capitale sahraouie, des dizaines de milliers de Sahraouis, avaient décidé de camper dans des tentes pour protester publiquement contre l’occupation de leur pays, et exiger pacifiquement la tenue d’un référendum d’autodétermination. L’attaque barbare et subite dont ces familles, ces femmes, ces enfants, ces civiles désarmés, ont été victimes, s’est officiellement soldée par 11 morts et 159 blessés. Comble de l’ironie et du cynisme morbide, ce sont les victimes qui ont été condamnées par un tribunal militaire inique, sur fond d’aveux extorquées sous la torture, à de lourdes peines allant jusqu’à une trentaine d’années, damnées. Pour ne pas déroger à sa tradition, Rabat a d’ailleurs décidé d’inculper plus d’une dizaine de ces migrants. En revanche, aucun policier ou gendarme de Mohamed VI n’a été inquiété. Leur permis de tuer se décline sans la moindre restriction dès lors qu’il s’agit de noirs africains ou de Sahraouis. Soltana Kheya, reçue au Parlement européen, comme indiqué par nous en exclusivité, a raconté son enfer. Elle a été maintes dois violée avec sa sœur, et sous les yeux de sa vieille mère malade. Des substances inconnues lui ont été injectées de force. Elle a échappé à plusieurs tentatives d’assassinats. Grâce à elle, avant le carnage publique de Nador, le monde entier a découvert que le Maroc interdit à tout le monde l’accès aux territoires occupés, y compris à Staffan de Mistura, envoyé personnel du SG de l’ONU qui, en effet, n’a pas pu se rendre au Sahara Occidental lors de sa toute première tournée dans la région. Il est temps d’envisager des sanctions et des résolutions contraignantes à l’endroit du régime dictatorial et criminel de Mohamed VI. Faute de quoi, il deviendrait possible d’accuser l’ONU, sinon de complicité de meurtre, du moins de non-assistance à personnes en danger. Personne ne pourra dire qu’il ne savait pas. Qu’il n’avait rien vu. Non, personne…
Mehdi Ghayeb