Décryptage Résistance à la Gandhi
Le départ Soltana Kheya vers un hôpital aux Canaris vient fermer une parenthèse de la résistance héroïque du peuple sahraoui face à la sauvagerie et la barbarie de l’occupation marocaine. Rien, absolument rien, ne lui a été épargné. Soltana Kheya, assignée à résidence pendant 566 jours, en compagnie de sa sœur Waâra (forte dans tous les sens du terme), et sa vieille mère malade, a subi stoïquement les pires sévices qui se pouvaient concevoir. Elle nous en a déjà parlé après moult louvoiements pour échapper à la surveillance policière, qui la place systématiquement sur écoute, et l’oblige à changer régulièrement de puce téléphonique. Elle a été maintes fois violée sous les yeux implorants et impuissants de sa mère. Elle a été frappée, défigurée, éborgnée, frappée, torturée… sa maison a maintes fois été saccagée. Son ordinateur et son téléphone lui ont été « confisqués ». les policiers qui surveillent sa maison nuit et jour sont allés jusqu’à faire irruption chez elle pour lui injecter de force une substance dont personne ne connaît les effets. Elle a fait l’objet de moult tentatives d’assassinats. Mais, courageuse, immuable, belle et rebelle à la fois, elle a résisté, tenu bon s’est montée stoïque et imperturbable, à l’image du désert éternel qui lui a donné le jour. Sa leçon, appelée à entrer dans l’Histoire par la grande porte, ne nous parle pas seulement de courage, de patriotisme et de sacrifice. Non, elle nous parle surtout et avant tout de cette merveilleuse irrésistible résistance pacifique dont sait se montrer capable le peuple sahraoui. Tout le peuple sahraoui. Toute la cruauté et l’arrogance de l’occupant marocain viennent se briser contre le roc de cette spectaculaire et saisissante résistance. Le pacifisme du peuple sahraoui ne fait pas que dérouter ses ennemis. Il les pousse également à la faute. Rabat, en désespoir de cause et d’arguments, tente une manœuvre tout aussi surréaliste que risible. Le peuple sahraoui et son représentant légitime qu’est le front Polisario, facteur de stabilité et de tolérance dans toute cette région du monde, serait terroriste. Comment ne pas sourire de commisération face au triste spectacle que nous offre Nacer Bourita, chef de la diplomatie marocaine, quand il essaie de faire avaler ces grosses couleuvres à ses homologues du monde entier. Pacifiquement, imperturbablement et courageusement aussi, Soltan Kheya a, au mépris de sa propre vie, continué de brandir quotidiennement le drapeau sahraoui depuis la ville occupée de Boujdour. Elle reviendra vers la ville qui lui a donné le jour. C’est son caractère en fer forgé qui nous le dit. Elle reviendra, une fois requinquée, pour hanter les cauchemars de Mohamed VI et de ses cruels et criminels bourreaux.
Ali Oussi