Depuis Sétif, les avocats plaident pour une meilleure formation
Les bâtonniers de plusieurs barreaux du pays se sont donnés rendez-vous à Sétif pour la Journée nationale de l’avocat. D’ordinaire célébrée le 23 mars de chaque année, elle a été retardée cette année de trois jours pour « permettre aux bâtonniers venant des wilayas lointaines d’assister à ce conclave », explique Driss Abderrahmane, bâtonnier de l’Ordre régional des avocats de Béjaïa et secrétaire général du barreau national, dans une déclaration à la Patrie News.
Ce samedi, au siège de l’Ordre des avocats de Sétif, il y avait du beau monde. Il y avait bien sûr les autorités locales, à leur tête le wali de Sétif, Kamel Abla, mais aussi les procureurs généraux et les présidents de Cours de certaines wilayas limitrophes, à l’image de Bordj Bou Arréridj et M’sila.
Le ministre de la Justice, Garde des sceaux, Abderrachid Tabbi, a également jugé indispensable d’être présent à la célébration de la Journée nationale de l’avocat. Il était au premier rang des assistants.
Pour mettre en exergue l’importance de cet événement, les organisateurs ont souligné son caractère historique. « Le choix de la date du 23 mars (pour célébrer la Journée nationale de l’avocat) n’est pas anodin », soutient Brahim Tairi, président de l’Union nationale des ordres des avocats (UNOA) et bâtonnier de l’Ordre régional des avocats de Sétif.
Et de faire le parallèle, « Il correspond au jour où l’avocat Ali Boumendjel fut assassiné par la France coloniale. Ils ont longtemps dit qu’il s’était suicidé, jusqu’en 2021 lorsque le président français Emmanuel Macron a reconnu la responsabilité de l’Etat français dans son meurtre »,
Insistant sur le rôle joué par les avocats lors de la Guerre de libération nationale, Me Tairi a souhaité volontiers rappeler quelques faits historiques. « Ils ont répondu à l’appel de la patrie », nous a-t-il déclaré. Et d’ajouter, « le colonisateur français est allé jusqu’à les considérer comme un groupe militaire. »
Depuis l’indépendance, l’exercice du métier d’avocat en Algérie a fait son chemin. C’est devenu « le métier du peuple », note le président de l’UNOA. « La majorité des étudiants, diplômés des facultés de droit, optent pour le métier d’avocat car c’est une fonction accessible contrairement à celle de notaire ou d’huissier », affirme-t-il.
De nos jours, le pays compte quelque 62 000 avocats. C’est la raison pour laquelle une réorganisation de cette profession s’impose. « Même s’il s’agit d’une profession libérale, il faut qu’elle soit organisée », défend-t-il.
Le but étant de garantir une meilleure formation mais surtout d’éviter une déliquescence de cette profession noble. Pour ce faire, la création d’une école à l’image de l’Ecole supérieure de la magistrature devient une nécessité. « Désormais, le certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA) sera obtenu après une formation au sein de l’école nationale de formation des avocats conformément à la loi 13/07 », fait-il savoir.
Une approche que le ministre de la Justice soutient, selon lui. « La profession compte parmi ses rangs beaucoup d’avocats. Cela nécessite non seulement la formation (des nouveaux avocats) mais également un perfectionnement du niveau des avocats », manifeste-il.
Cette même approche bénéficie de l’appui des barreaux d’avocats. Le bâtonnier de l’Ordre régional des avocats de Béjaïa y adhère totalement. « Il ne faut pas qu’il y ait un décalage entre la formation d’un magistrat et la formation d’un avocat. Il faut qu’elle soit forte et solide », précise-t-il.
D’après lui, la formation d’un avocat ne se limite pas à l’apprentissage universitaire. « Elle doit être continue. Car, il y a toujours des projets de loi (qui seront débattus) et des lois (promulguées). Par conséquent, on doit être à la hauteur des attentes de nos clients », poursuit-il. Et de plaider, « c’est pour cela qu’on a demandé qu’il y ait une école spéciale pour les avocats comme celle des magistrats afin qu’il y ait un équilibre entre les deux formations. »
Lors de cette journée, plusieurs nouveaux avocats, faisant partie de la promotion 2020-2022 et ayant accompli leurs stages avec succès, vont renforcer le barreau de Sétif. Ils ont été distingués par le ministre de la Justice et les autorités locales.
Ahmed Saï, ancien président de l’UNOA leur a donné un conseil précieux : « un avocat doit faire la différence par son savoir, son indépendance et son courage. »
Skander Boutaiba