Dérapage de Macron sur l’Algérie : cinglant communiqué de la présidence de la République
La présidence de la République a publié ce samedi un communiqué en réaction aux propos inamicaux tenus jeudi par le président français, Emmanuel Macron, alors qu’il recevait « des descendants d’acteurs de la guerre d’Algérie ».
Outre la confirmation du rappel de l’ambassadeur pour consultations avec effet immédiat, la présidence de la République a mis « les points sur les i ». Elle a également rappelé le passé peu glorieux et criminel de la France coloniale en Algérie.
De plus, la présidence de la République a catégoriquement refusé « cette ingérence dans ses affaires intérieures ». « Les autorités françaises n’ont pas démenti les déclarations (publiées ce samedi dans le journal Le Monde), ni elles les ont niées », ajoute le communiqué.
Pour la présidence, les propos tenus par Macron portent atteinte à la mémoire de plus de cinq millions de martyrs « qui ont sacrifié leurs vies pour combattre la France coloniale ». « Les innombrables crimes de la France en Algérie, qui ne sont toujours pas reconnus, constituent un génocide perpétré contre le peuple algérien. Ils ne peuvent pas faire l’objet d’une manœuvre caractérisée par des actions et des interprétations biaisées », assène le communiqué.
Le président français s’est illustré lors de cette rencontre par des propos offensants à l’égard des dirigeants algériens, les accusant de vivre de ce qu’il appelle une « rente mémorielle ». Il a également assumé la décision de diviser par deux le nombre de visas octroyés aux Algériens.
Dans son argumentaire, Emmanuel Macron a précisé que la mesure devrait concerner en premier lieu les dirigeants algériens. « Il n’y aura pas d’impact sur ce qu’on évoque. On va s’attacher à ce que les étudiants et le monde économique puissent le garder. On va plutôt ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant, qui avaient l’habitude de demander des visas facilement », a-t-il lancé.
Skander Boutaiba
communiqué intégral :
«A la suite des propos non démentis que plusieurs sources françaises ont attribué nommément au Président de la République française, l’Algérie exprime son rejet catégorique de l’ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures que constituent lesdits propos», précise la même source.
«Les propos en question portent une atteinte intolérable à la mémoire des 5.630.000 valeureux martyrs qui ont sacrifié leurs vies dans leur résistance héroïque à l’invasion coloniale française ainsi que dans la Glorieuse Révolution de libération nationale», ajoute la Présidence de la République, estimant que «les crimes de la France coloniale en Algérie sont innombrables et répondent aux définitions les plus exigeantes du génocide contre l’humanité. Ces crimes qui ne sont pas prescriptibles, ne sauraient faire l’objet d’une manipulation des faits et d’interprétations atténuantes».
Pour la Présidence de la République, «la propension des nostalgiques de l’Algérie française et des milieux qui se résignent difficilement à l’indépendance pleine que les Algériens ont gagnée de haute lutte, s’exprime à travers de vaines tentatives d’occulter les exactions, massacres, enfûmades, destructions de villages, des centaines de +Oradour-Sur-Glane+, éradications de tribus de résistants, qui sont des génocides en séries que les acrobaties conceptuelles et les raccourcis politiques ne parviendront jamais à occulter».
«Pour leur part, les appréciations superficielles, approximatives et tendancieuses énoncées en ce qui concerne l’édification de l’Etat national algérien ainsi que sur l’affirmation de l’identité nationale relèvent d’une conception hégémonique éculée des relations entre Etats et ne sauraient, en aucune façon, être compatibles avec le ferme attachement de l’Algérie à l’égalité souveraine des Etats», souligne-t-on dans le communiqué.
«Cette malencontreuse intervention qui heurte fondamentalement les principes devant présider à une éventuelle coopération algéro-française en matière de mémoire, a l’incorrigible défaut de tendre vers la promotion d’une version apologique du colonialisme au détriment de la vision établie par l’Histoire de la légitimité de luttes de la libération nationale, alors que rien ni personne ne peut absoudre les puissances coloniales de leurs crimes, y compris les massacres du 17 octobre à Paris dont l’Algérie et sa communauté établie en France s’apprêtent à commémorer dans la dignité», ajoute la même source.
«Face à la situation particulièrement inadmissible engendrée par ces propos irresponsables, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a décidé le rappel immédiat en consultations de l’ambassadeur d’Algérie auprès de la République française», conclut le communiqué.