Descente dans un bunker de la résistance vietnamienne : « Mémoires d’outre-tombe »
De notre envoyé spécial à Hô Chi Minh-Ville, Mohamed Abdoun
Notre séjour marathonien au Viêt-Nam, advenu à l’occasion du cinquantenaire de la réunification de ce pays, coïncidant avec le 30 de ce mois, a été ponctué la veille par une mémorable soirée offerte par le Comité populaire du Parti Communiste vietnamien, en l’honneur des journalistes conviés du monde entier afin d’assister à cet évènement majeur.
L’accent y a été mi sur le développement époustouflant de ce pays, dont l’économie est désormais classée « émergeante », et offrant de substantielles opportunités à l’ensemble de ses partenaires, dans une coopération gagnant-gagnant. Ce clin d’œil ver l’avenir, qui s’annonce prometteur et radieux, n’empêche pas les dirigeants de ce pays, parfait d’exemplarité, de garder un œil vigilant vers les recommandations laissées par « Le Grand Leader».
A ce titre, une impressionnante visite nous a été offerte dans bunker, maintenu en l’état, au milieu de la jungle. Cela, non sans passer par un temple dédié à la mémoire des dizaines de milliers de victimes de cette guerre génocidaire et destructrice, commencée par les Français, puis poursuivie par les Américains. Leurs films, pléthoriques, n’en montrent que le côté le moins sombres. Car, le côté jardin n’existe pas du tout dans toutes les guerres coloniales.
Dans ce bunker, sans doute proche d’une tombe, on se déplace en rampant. Claustrophobe, s’abstenir. Un expert de cette guerre, nous montre les pièges mis en place par la résistance. Simples mais efficaces. Basés en premier lieu sur le camouflage et la parfaite connaissance du terrain. On y découvre aussi une formidable organisation. Rien n’y est laissé au hasard, même les cuisines et l’infirmerie. Cela rappelle furieusement la résistance algérienne à la colonisation française.
Mais, si l’on y ajoute les tunnels, on tombe pile poil sur la résistance des Palestiniens à Gaza. Je me fais cette réflexion à haute voix en émergeant de ce tombeau-tunnel, ému et en sueur, lorsqu’une voix familière m’interpelle. Moi qui n’ai plus entendu un seul mot d’arabe depuis mon arrivée au Viêt-Nam, contraint de me (re)mettre à l’anglais, bénissant les enseignements sommaires prodigués durant mon cursus scolaire… cette voix qui m’interpelle est celle d’un Algérien.
Nous autres Algériens sommes des globe-trotters nés. Venu d’Ain Oussara, mon vis-à-vis, souffrant du mal du pays, me parle d’une tourné asiatique qu’il est en train de mener. J’apprends pour finir que des représentants du ministère des Moudjahidine et du FLN doivent être présents à cette méga-cérémonie prévue demain. Retour au temple traversé avant d’arriver au bunker.
Tout y est calme, luxe et sérénité. Des bâtons d’encens y brûlent constamment. Les noms des martyrs, gravés dans la pierre, éternellement, montent jusqu’au plafond, aux dimensions démesurées. Jusqu’au ciel. Nous y reviendrons..
M.A.