Diplomatie : l’ambassadeur marocain auprès de l’UE accrédité après 14 mois d’attente
Il s’appelle Youcef Amrani. Il aurait payé cher, très cher (exercice très naturel chez les diplomates marocains), pour se trouver ailleurs, ou carrément être quelqu’un d’autre. Lui, c’est Youcef Amrani, ambassadeur marocain fraichement accrédité auprès de l’UE. Ce dernier, à l’ombre du Maroc-gate, doit certainement faire face à la pire mission de toute sa carrière. D’autant qu’il ne doit pas être en odeur de sainteté au niveau de l’espace européen, et qu’on doit se méfier de lui comme du covid-19 ou de la peste. Preuve en est que ce « diplomate-barbouze » a dû poiroter 14 longs et interminables mois avant de décrocher enfin sa précieuse accréditation. A présent, on doit se méfier de lui partout, et toujours. Même s’il a le malheur d’offrir un café à ses collègues, cela risque d’être mal interprété, et d’être pris comme une tentative de corruption. Youcef Amrani avait été désigné à ce périlleux poste en date du 18 octobre 2021. Il lui a fallu plus d’une année donc avant d’y être confirmé. Cela est carrément humiliant pour la diplomatie marocaine. Il faut croire que les responsables de l’UE voyaient venir de loin le scandale du Maroc-gate. Il n’est pas possible, en effet, que le Maroc ait pu corrompre des dizaines d’eurodéputés pendant des années, les amenant à adopter des positions contraires au droit européen, à la morale et au bon sens, sans que cela ne se remarque. Né en 1953 à Tanger , Youcef Amrani a occupé plusieurs postes, dont secrétaire d’État chargé de l’Union du Maghreb entre 1989 et 1992 et consul général à Barcelone entre 1992 et 1996. Il a également été ambassadeur du Maroc en Colombie, au Chili, en Afrique du Sud et au Mexique. Ses résultats y ont été plus que mitigés. Il ne risque donc pas d’y accomplir des miracles, alors que la situation est des plus défavorable pour lui. Il a rejoint les AE et le DGED marocains en 1978. C’est donc très certainement son dernier poste actif avant la retraite. Triste fin pour lui. A l’image de la diplomatie marocaine, désormais démasquée partout dans le monde.
Ali Oussi