Discours raciste du candidat de l’extrême droite : Plenel compare Zemmour à Hitler
Edwy Plenel, journaliste fondateur de Mediapart met en garde sévèrement contre la désinvolture avec laquelle est analysé le discours extrémiste d’Eric Zemmour contre les musulmans. Sur le plateau de l’émission de France2, « On est en direct » (samedi 5 février), l’éditorialiste compare carrément le polémiste au Führern : “Ce que dit Zemmour sur nos compatriotes musulmans, c’est ce que disait Hitler sur les Juifs”. “Si on le laisse continuer à dire ça, ça finira pareil » prévient-il, le journaliste sur un ton grave. Ses craintes sont partagées, précise-t-il par Serge Klarsfeld, un écrivain, historien et avocats des déportés juifs en France. Dans une interview publiée au journal l’Humanité en décembre 2021, l’homme de 86 ans avait effectivement alerté contre la dérive du candidat à la présidentielle. « Éric Zemmour promeut des thèses bestiales. Comme les nazis. A l’entendre, il faudrait se débarrasser des musulmans. Les nazis disaient pareil des juifs, sans préciser comment. Et nous avons eu les chambres à gaz… » a-t-il soutenu, estimant qu’il faudrait prendre très au sérieux le radicalisme de Zemmour contre la communauté musulmane et contre les immigrés. « Les menaces de l’extrême droit ont toujours été tenues quand elle est arrivée au pouvoir » a-t-il rappelé.
Le désormais prétendant à l’Elysée a été condamné, plusieurs fois par la justice à de fortes amendes, pour avoir tenu publiquement des propos islamophobes et xénophobes. Ces procès à répétition ne l’ont guère inhibé. Il a continué à distiller son discours fondamentalement haineux jusqu’à y puiser les référents de son projet électoral. Au lendemain de l’annonce de sa candidature à la présidentielle, en décembre dernier, il a invité, ses concitoyens de confession musulmane, à renoncer à la pratique de leur religieux. Pourtant la Constitution française consacre la liberté du culte et interdit formellement « les discriminations fondées sur l’appartenance et la pratique d’une religion ». Ce n’est visiblement pas un écueil pour Eric Zemmour. Il ne cesse de répéter : « L’identité de la France est menacée par la présence des musulmans sur le sol européen ». Dans son programme électoral, dévoilé en janvier 2022, il a dédié un chapitre entier à l’Islam. Ce dernier contient une batterie de mesures applicable exclusivement aux musulmans : interdiction du port du voile dans les espaces publics ; restriction dans la construction de minarets et de grandes mosquées, mise des imams (y compris ceux dument accrédités par les autorités compétentes) sous surveillances étroite et constante des services de sécurité et discrétion imposée aux musulmans, qui seront considérés comme des sous-citoyens, avec moins de droits civiques que les français de « pure souche ». Il a pris prétexte de la diffusion, le 25 janvier 2022, d’un numéro de Zone interdite (M6) sur « le danger de l’islam radical » pour promouvoir son programme anti-islam. « Regardez le réel. Mesurez l’ampleur de l’islamisation de notre pays avec la complicité de certains de nos élus » a-t-il tweeté dans la soirée, dans une tentative d’haranguer ses troupes et semer le doute dans les swing esprits. Ses paroles, fortement répercutées par les médias, exacerbent les comportements anti-arabes et anti-immigrés. Début février, le président de SOS racisme, Dominique Sapo, a corrélé clairement les actes de violence, ayant ciblé les musulmans « à la libération de la parole raciste, portée par Eric Zemmour et compagnie ».
Soulef B.