Document/ Atteintes aux droits de l’Homme : HRW accable le Maroc
Pour le Maroc, la traversée du désert et les déboires diplomatiques se poursuivent à un rythme effréné. Alors que le scandale planétaire du Maroc-gate est encore loin de son épilogue, que le Parlement Européen s’apprête à adopter la résolution la plus critique et la plus accablante à l’endroit du Makhzen depuis un bon quart de siècle, voilà que l’ONG Human Rights Watch (HRW), est venue finir d’enfoncer le clou dans son dernier rapport relatif aux atteintes aux droits de l’Homme aussi bien au Maroc que dans les territoires occupés sahraoui.
Le document en question, que nous avons pu consulter, n’y va guère avec le dos de la cuillère tant le Maroc officiel, fort de son impunité, obtenue avec de fortes sommes sonnantes et trébuchantes, a eu tendance à s’oublier ces derniers temps.
« Les autorités marocaines ont intensifié le harcèlement des militants et des voix critiques et ont poursuivi les arrestations et les procès iniques à l’encontre d’opposants, de journalistes, de blogueurs et de défenseurs des droits humains.
Les lois portant atteinte aux libertés individuelles sont restées en vigueur », attaque ainsi cet accablant rapport qui résume les énormes reculs accumulés par Rabat depuis le dernier rapport de HRW. 3Depuis le milieu des années 2010, les autorités marocaines ont par ailleurs poursuivi des journalistes et des militants de premier plan pour des délits autres que d’expression.
Des détracteurs du régime ont fait l’objet de procès iniques pour des crimes graves tels que le blanchiment d’argent, l’espionnage, le viol, l’agression sexuelle ou la traite d’êtres humains. Parmi les méthodes employées pour museler les opposants, les autorités ont notamment recours à des procédures judiciaires inéquitables, à la surveillance numérique et vidéo, à des campagnes de harcèlement par le biais de médias proches du palais royal et pro-Makhzen, par la surveillance physique, l’agression, l’intimidation et en prenant pour cible des proches de militants ».
Ce constat n’est qu’un échantillon pris parmi les graves atteintes faites aux médias, à la justice, ainsi qu’au mouvement associatif. Les cas de Said Amara, Fatima Karim, Maati Mounji, Suleimane Raissouni, Mohamed Ziane et Omar Radi sont cités parmi les cas les plus frappants et les plus accablants. Ces affaires avaient du reste été largement détaillées en leur temps par La Patrie News.
« Le Security Lab d’Amnesty International a découvert en mars que deux téléphones appartenant à Aminatou Haidar, défenseure des droits humains originaire du Sahara occidental et lauréate de multiples prix, avaient été ciblés et infectés par le logiciel espion Pegasus entre 2018 et 2021. Une fois installé dans un téléphone, ce logiciel mis au point et commercialisé par NSO Group, une société basée en Israël, permet un accès complet à la caméra du téléphone, aux appels, aux médias, au microphone, aux courriels, aux SMS et à d’autres fonctions, devenant ainsi un puissant outil de surveillance. Il a été utilisé à l’encontre de militants des droits humains, de journalistes, de figures de l’opposition, de politiciens et de diplomates, y compris au Maroc ».
Depuis la violation unilatérale par le Maroc du cessez-le-feu de 1991 conclu sous l’égide de l’ONU et de l’ex-OUA en date du 13 novembre 2020, la situation des droits de l’Homme n’a eu de cesse de se dégrader dans les territoires occupés sahraouis.
« Les autorités marocaines ont systématiquement empêché les rassemblements de soutien à l’autodétermination sahraouie et ont fait obstruction au travail de certains groupes locaux de défense des droits humains, notamment en bloquant leur accréditation. Dix-neuf hommes sahraouis sont restés en prison après avoir été condamnés en 2013 et 2017, au terme de procès iniques, pour le meurtre de 11 membres des forces de sécurité marocaines, décédés en 2010 lorsque les autorités ont démantelé par la force un vaste campement de protestataires à Gdeim Izik, au Sahara occidental.
En juin, 18 d’entre eux ont déposé une plainte contre le gouvernement marocain auprès du Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, affirmant avoir été victimes de torture et de répression politique ».
Célèbre à l’échelle planétaire, le groupe de Gdeim Izik force l’admiration par son courage et sa détermination. Le massacre par les services de sécurité marocain, avec la complicité de leurs homologues espagnols durant l’été passé, est lui aussi évoqué dans ce rapport…
Mehdi Ghayeb