Document exclusif
Projet de résolution européen sur les libertés au Maroc : Vers une condamnation musclée de Rabat
Comme nous l’écrivions précédemment, le Parlement Européen (PE), doit se pencher sur la situation des droits de l’Homme et de la liberté de la presse au Maroc. Or, nous-nous sommes procuré en exclusivité ce projet de résolution de 3 pages. Celui-ci adopte un ton d’une rare fermeté, jamais vue depuis un quart de siècle au moins. Il faut dire que le Maroc-gate est passé par là. Les eurodéputés, afin de lever toutes les suspicions pesant sur eux, se voient sans doute obligés de redoubler de fermeté à l’endroit de ce royaume. Tout y passe en effet, dans ce projet de résolution. Y compris le recours au logiciel espion Pegasus. Nul doute que Rabat va en attraper une jaunisse, lui qui a toujours nié son implication dans ce énième scandale. En attendant, le PE « condamne fermement l’utilisation abusive d’allégations d’agressions sexuelles pour dissuader les journalistes d’exercer leurs fonctions; estime que ces abus mettent en danger les droits des femmes ». Ce n’est pas tout. Le PE « est (également)préoccupé par les allégations selon lesquelles les autorités marocaines auraient tenté de corrompre des élus du Parlement européen; réitère sa détermination à enquêter pleinement sur les cas de corruption de pays tiers cherchant à acheter de l’influence au Parlement européen et à les traiter ». Enfin, le PE daigne ouvrir les yeux sur cette odieuse vérité. Le Maroc fabrique des dossiers infamants pour forcer au silence les journalistes irrévérencieux, et les détruire sur les plans politique, professionnel, médiatique et social. Aussi, le PE « demande instamment aux autorités marocaines de mettre fin à la surveillance des journalistes, y compris via le logiciel espion Pegasus de NSO, et d’adopter une législation pour les protéger contre de telles pratiques et contre toutes les formes de pression, de discrimination et de procès inéquitables, en réformant sa législation pour se conformer à l’article 19 de la Pacte international relatif aux droits civils et politiques ». Ici, l’étau ne fait pas que se resserrer sur Rabat. Il l’enferre totalement. Le Maroc n’est en effet plus l’enfant gâté du Vieux Continent, à qui il était même permis d’utiliser des femmes et des enfants pour faire chanter l’Europe, quitte à les envoyer vers une mort certaine. Oui, il y aura un avant et un après Maroc-gate. Cette résolution, qui met à nu la gravité de la situation des droits de l’Homme et de la liberté de la presse, sera remise aux autorités du Makhzen par le président du PE, qui devra faire attention à ne pas se laisser… soudoyer. En attendant, le document ne laisse pas relever « que la situation de la liberté de la presse au Maroc n’a cessé de se détériorer au cours de la dernière décennie, tombant à la 135e place du classement mondial de la liberté de la presse 2022, et que de nombreux journalistes ont été harcelés par la justice, intimidés et condamnés à de longues peines de prison pour leur travail ». Cerise sur le gâteau, même le cas du journaliste espagnol Ignacio Cembrero est évoqué avec une ironie à peine contenue. « Les autorités marocaines ont étendu leurs mesures répressives contre le journalisme libre également en dehors de ses frontières, comme dans le cas d’Ignacio Cembrero ». Ce dernier, écrivions-nous depuis quelques jours, est accusé de « vantardise ». Pour ce faire, le Maroc a exhumé un texte datant de temps immémoriaux que Madrid avait omis d’abroger pour le remettre au goût du jour. Désormais, il faut s’attendre à ce que même la Cour de justice européenne finisse d’enfoncer le clou, et mette un terme au pillage des ressources minières et halieutiques du peuple sahraoui. En attendant, le PE 3exhorte les autorités marocaines à respecter la liberté d’expression et la liberté des médias, à libérer immédiatement et sans condition tous les journalistes emprisonnés qui ont été arbitrairement détenus uniquement pour l’exercice de leur travail, à offrir aux journalistes emprisonnés, à savoir Omar Radi, Souleiman Raissouni et Taoufik Bouachrine, un procès équitable avec tous les garanties d’une procédure régulière, y compris la liberté provisoire et de cesser immédiatement le harcèlement contre tous les journalistes ».
Mohamed Abdoun