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Mise à mort prémédité de l’UMA : Le Maroc au banc des accusés
L’actuelle initiative diplomatique algérienne cherche à aider les pays voisins à faire face de concert aux rapides mutations géostratégiques en cours, sous peine de se laisser distancer à tout jamais par le train de l’histoire, déjà en marche.
Le privilège d’écrire ou de réécrire l’histoire à sa guise a toujours été l’apanage des vainqueurs. Sans oser aller jusque-là, le Maroc tente de se faire passer pour la « victime », dans l’état de mort clinique où en est réduite l’UM (Union du Maghreb Arabe). Hypocrite et tendancieux, le Makhzen suggère par ailleurs que nous aurions partie liée avec cette forme de mise à mort programmée. Or, non seulement il n’en est rien, mais en plus, notre diplomatie a toujours œuvré à maintenir en vie l’UMA contre vents et marées, et en dépit des complots et manœuvres dilatoires déployées tous azimuts par le Makhzen. Cette lettre datée de 1995, adressée par notre chef de la diplomatie de l’époque, Mohamed Salah Dembri, à son homologue marocain, Abdellatif Filali. On y découvre, car les écrits restent, de quelle manière héroïque notre pays s’évertuait à sauver et à préserver l’UMA, u moment où le Maroc en bloquait toute avancée significative sous prétexte que la question du Sahara Occidental devait passer en priorité. Cette forme de chantage en effet très ancienne chez les gens du Makhzen. Les choses se sont compliquées et aggravées pour deux raisons. La première, c’est que le Maroc refuse à présent la tenue d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, sur fond de reprise du conflit armé. La seconde tient du fait que le deal du siècle aide le Maroc à faire de l’entité israélienne une sorte de « cheval de Troie en Afrique en général et au sein de l’UMA en particulier. L’on a assisté à deux tentatives avortées de faire entrer l’entité israélienne au sein de l’UA en tant qu’observateur. L’implication marocaine y est évidente. De même que ses tentatives de pousser la Libye, la Tunisie et la Mauritanie à normaliser leurs relations avec l’entité israélienne. Or, l’Algérie, de par sa puissance, sa position géographique et ses énormes potentialités, est un facteur de stabilité et de développement régional. En ces temps de regroupement des Etats en bloc pour défendre leurs intérêts bien compris, l’Algérie, dont la diplomatie revient en force sur les devants de la scène internationale, ne peut se permettre de demeurer en retrait en ces périodes de grandes manouvres et de redistribution des cartes géostratégiques. En sa qualité de puissance régionale incontestable, il est normal et souhaitable qu’Alger œuvre à fédérer les pays de la région. Il y va de la survie et de la prospérité de tous. A côté du défi de la reconstruction d’une sorte d’UMA sans le Maroc, le sud nous interpelle aussi au moment où il cherche à prendre en main son destin.
Des actions urgentes à mener au Sahel
L’AES (Alliance des Etats du Sahel), est à saluer et à soutenir en tant que tel. A condition d’éviter de sombrer dans des dérives comme celle de la dénonciation de l’accord de paix d’Alger au Mali. Alger a un rôle majeur et moteur de développement, de sécurisation et de stabilisation de toute la vaste bande sahélo-saharienne. L’Algérie peut proposer une zone de libre échange avec les pays de l’AES, sans que cela ne concerne les produits subventionnés., faciliter la libre circulation des personnes sur simple présentation de CNI pour les wilayas du Sud avec les autres pays de l’AES et l’adoption d’un régime visa-free avec eux, mettre en place un fond de développement de projets communs et facilitation de l’investissement pour les algériens dans les pays limitrophes avec levée des droits de douanes et taxes intra-AES, ouverture de succursales de l’Algerian Union Bank dans l’ensemble des pays du Sahel avec le maximum d’agences, création de de filières d’enseignement universitaire de langues dans les universités algériennes (Songhai, Wolof, Mandingue, Peul, Swahili ….), transformation du CEMOC en une entité plus large (Admission du Tchad, du Burkina, de la Guinée et du Sénégal) avec coordination sécuritaire, création de bataillons communs pour la lutte contre le terrorisme et mise en commun de moyens de lutte, ainsi que la refonte du Processus de Nouakchott et création d’un Etat-major de renseignement commun des pays de l’AES. Les objectifs et conditions de cette démarche urgente, ne nécessitant que peu de moyens consistent à à aider à l’autonomie, politique, militaire, économique des pays de l’AES, en finir avec la présence étrangère dans la région Sahélo-Saharienne , réduire le risque sécuritaire et irrédentiste par l’amélioration des conditions socio-économiques et par la pacification des relations politiques. La nature, di-on, a horreur du vide. Il ne faut donc pas laisser le champ libre aux manœuvres viciées du Makhzen. Il nous faut être présents sur tous les fronts, économique, financier, culturel, industriel, scientifique et même militaire. Dans cette dynamique nouvelle et salvatrice, c’est le Maroc qui s’auto-exclut de facto. Ses choix stratégiques et ses alliances impérialités se situent aux antipodes des nôtres. L’histoire retiendra que nous œuvrons à sauver l’ensemble des pays de la région. C’est d’ailleurs nous qui en écrirons la chronique, car nous en sortirons vainqueurs…
Mohamed Abdoun