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Sud-Radio commande un sondage sur l’Algérie : Entre manip et chiffres bidouillés
Sud-Radio est un média d’extrême droite qui ne rate pas une seule occasion de casser du sucre sur le dos de l’Algérie en général, et de l’émigration en particulier. Il était tout à fait normal qu’il profitât de l’actuelle crise apparue récemment entre Alger et Paris pour tenter d’y rajouter une couche, d’attiser les tensions et de jeter de l’huile sur le feu. En témoigne ce drôle de sondage commandé au très sérieux Ifop par Sud Radio concernant la perception qu’auraient les Français des relations de leur pays avec l’Algérie. Soit. Il est toujours bon de se livrer à une sorte de bilan. Histoire de savoir où on en est, se rendre compte du chemin parcouru, et évaluer l’ampleur des objectifs qui restent encore à atteindre. Or, dès les premières pages de ce « sondage, dont nous avons obtenu copie, on se rend compte que ce machin est bidouillé, que les chiffres sont maquillés et que les questions sont adroitement orientées. Du coup, on se surprend à se dire que ce sondage a pu être commandé et financé par le Makhzen. Plus de 70 % des Français auraient une bonne perception du Maroc, alors que pour l’Algérie, ils ne seraient que d’un peu plus de 20 %. Curieusement, c’est quand même le Maroc qui a espionné les téléphones portables de leur président, de plusieurs de ses ministres, et de bon nombre de ses militants et journalistes. L’Algérie dérange, est mal perçue, car elle refuse de se soumettre. Rappelle à qui veut l’entendre que personne ne lui a donné son indépendance, contrairement au Maroc. Qu’elle a arraché cette dernière de haute lutte, et au prix d’incommensurables sacrifices. L’Algérie est une douloureuse arête restée en travers de la gorge de la France, pour lui rappeler constamment son passé criminel et colonial. Il en sera toujours ainsi tant que Paris n’aura admis ces crimes, et fait amende honorable. Quant à la colonisation du Sahara Occidental par le Maroc, plus de la moitié des Français y sont défavorables. Il s’agit au demeurant d’une question accessoire. Il appartient au peuple sahraoui, et à lui seul, de décider librement et souverainement de son destin via la tenue d’un référendum d’autodétermination. Nul n’a le droit de se substituer au peuple sahraoui, comme l’a fait Macron, objet d’un subtil chantage de la part des services secrets makhzeniens. Car, le fait même de poser cette question est une reconnaissance tacite de la persistance du néocolonialisme et du paternalisme français sur certaines de ses anciennes colonies en Afrique. Il est vrai que la montée en puissance de l’extrême droite en France n’arrange guère les choses. Bien au contraire. Le droit et la morale finissent toujours par l’emporter. Avis !
El Ghayeb Lamine