Dr. Abdelrahmi Bessaha, économiste au FMI : «L’économie algérienne doit s’ouvrir sur une libéralisation organisée».
Après des décades d’intégration commerciale et économique accélérée, « l’économie mondiale entame un mouvement de repli avec des restrictions commerciales, une réhabilitation des subventions aux investissements et l’adoption de politiques industrielles », affirme Dr. Abdelrahmi Bessaha, économiste au FMI.
Au cours de la période de réformes intenses des années 1990 et 2000 dans le contexte du « consensus de Washington », dit-il, les économies en développement et en transition « ont ouvert leurs marchés et intégré l’économie mondiale ». Favorisée par un « contexte géostratégique apaisé et un édifice institutionnel bâti autour de l’Organisation mondiale du commerce, cette période a enregistré ainsi une hausse des échanges commerciaux internationaux qui a permis de booster la croissance économique mondiale ».
Concernant l’Algérie, l’analyste note « plus d’ouverture et de flexibilité pour réduire progressivement l’interventionnisme, source des dysfonctionnements de l’économie et se doter d’un modèle économique productif hors pétrole ».
A la fin 2022, souligne Dr. Bessaha, l’économie algérienne reste tout de même marquée par « une part encore importante du secteur public dans la production du pays (40 %) ; un réseau dense de plus de 400 entreprises publiques dominant les sphères réelle et financière ; un ratio dépenses publiques/PIB élevé (37%) ; un régime de prix et de marges réglementés touchant des produits alimentaires, des produits industriels, des services, des prix de cession et des marges règlementées.
Aussi, l’économiste relève « une réglementation tatillonne qui étouffe l’initiative privée, et des renflouements répétitifs du secteur public avec environ 1000 milliards de dinars pour les banques d’Etat. » S’y ajoute «une prolifération de contraintes externes sur le commerce ».
Dans ces conditions, contrairement à de nombreux autres pays avancés et émergents, analyse Dr. Bessaha, «le salut de l’économie algérienne ne viendra nullement d’une accentuation du repli actuel mais bien au contraire d’une ouverture et libéralisation bien organisée ».
Mohamed Ait S.