Droits de l’Homme au Sahara Occidental : Des violations quasi-quotidiennes
Depuis le retrait les troupes espagnoles, et le début de l’invasion marocaine en 1975, les exactions sous toutes leurs formes n’on pas cessé de s’abattre sur les populations sahraouies, toutes franges confondues.
L’occupation illégale et brutale par le Maroc de territoire de Sahara Occidental, écrit-on dans une publication de l’union les juristes sahraouis (UJS) intitulée «crimes en silence», a pris la forme de crimes contre l’humanité, allant jusqu’à la tentative d’extermination. Les personnes ayant vécu cette période douloureuse, peuvent fournir assurément les témoignages accablent sur cette époque sinistre.
Le cessez-le-feu signé en septembre 1991 par les deux parties en conflit, le Front Polisario d’un côté et le Maroc de l’autre, a mis fin à une guerre dévastatrice qui aura duré 16 ans. Cette trêve a ainsi ouvert la voie à un règlement pacifique de conflit à travers un plan qui se fixait pour objectif l’organisation d’un référendum libre et démocratique à l’issue duquel le peuple sahraoui déciderait librement de son avenir.
L’ONU avait même mis en place une mission onusienne, la Minurso, Une mission onusienne, comme son nom l’indique, avait pour mission l’organisation d’un referendum d’autodétermination début 1992.
29 ans après ce n’est toujours pas le cas. Le Maroc continue de faire fi de la législation internationale allant de l’avant dans sa politique colonialiste faisant régner la terreur dans les territoires occupés du Sahara occidental.
En effet, la situation s’est beaucoup détériorée ces dernières années. Des rapports de différentes ONG, rendus publics, l’attestent bel et bien. Le Maroc renforce sa présence avec plus d’éléments de la police et de militaires. Plus de place dans les prisons. Les militants de la cause sahraouie, qu’ils soient femmes, hommes ou enfants. C’est le calvaire au quotidien.
La Minurso « doit inclure la surveillance des droits de l’Homme »
De toutes les missions onusiennes dépêchées un peu partout dans le monde, la Minurso fait exception. Bien que le Conseil de sécurité inclue une composante des droits de l’homme dans les mandats des opérations de paix depuis 1991, la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental reste une exception à cet égard. La Minurso est la seule parmi les missions onusiennes qui ne jouit pas des prérogatives d’observation des droits de l’Homme. C’est pourquoi, un collectif d’association et de personnalités issues de l’Argentine et d’autres pays latino-américains ont lancé un appel urgent pour la libération immédiate des prisonniers politiques sahraouis du groupe de Gdeim Izik, et l’élargissement du mandat de la Minurso pour y inclure une composante droits de l’Homme.
«Au moment où le Conseil de sécurité devrait adopter une résolution sur le renouvellement du mandat de la MINURSO, et dix ans après les événements du camp de Gdeim Izik, nous appelons à l’intervention de la communauté internationale pour la libération immédiate des prisonniers politiques sahraouis», ont écrit dans une lettre adressée aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU, à la Haute Commissaire aux Droits de l’Homme, Michelle Bachelet et au Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, quarante-six (46) entités et personnalités originaires de sept (07) pays latino-américains.
Cette missive intervient à la veille du vote de la résolution portant renouvellement du mandat de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso), prévue initialement mercredi et reporté à vendredi.
Elle intervient également dans un contexte marqué notamment par l’organisation de plusieurs sit-in et manifestations dans les territoires libérés du Sahara occidental, la plus importante étant celle relative au blocage, depuis quelques jours, de brèche illégale d’El-Guerguerat.
La lettre revient sur l’organisation en 2010 d’un camp de protestation pacifique au Sahara occidental, celui de Gdeim Izik, lequel fut brutalement démantelé par les forces d’occupation marocaines.
Des procès militaires pour des civils
Les auteurs de la lettre, dont le prix Nobel de la paix, Adolfo Pérez Esquivel et José Schulman de la Ligue argentine des droits de l’Homme, ont rappelé que le groupe de dix neuf (19) civils sahraouis, arrêtés suite au démantèlement du camp, demeurent en détention, suite à des procès militaire, puis civil, dont le déroulement n’a pas respecté les principes élémentaires d’un procès équitable, en dépit des divers communications et décision des organes onusiens des droits de l’Homme.
«Nous, les cosignataires, adressons cette lettre aux membres du Conseil de sécurité, compte tenu du fait que dix ans après l’agression dont à fait l’objet le camp de protestation pacifique de Gdeim Izik, le Maroc n’a pris en considération aucune décision, avis ou mesure provisoire préconisés par les mécanismes des droits de l’Homme des Nations unies, concernant le Groupe Gdeim Izik», a dénoncé le collectif.
Quelle mission, pour quelles prérogatives ?
Les représentants de la société civile latino-américaine ont déploré le fait que la Minurso ne soit pas doté d’une composante «droits de l’Homme» pour pouvoir protéger les civils sahraouis, ainsi que son incapacité à mettre en œuvre son mandat original, à savoir l’organisation d’un référendum libre et démocratique permettant l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.
«La MINURSO ne dispose malheureusement pas de composante droits de l’Homme dans son mandat. Elle est chargée de superviser l’accord de cessez-le-feu ce qu’elle n’a pas été en mesure d’accomplir», a-t-on souligné, appelant le Conseil de sécurité à élargir le mandat de la Mission pour y inclure une composante droits de l’Homme, afin de permettre une surveillance indépendante impartiale, complète et durable de la situation des droits de l’Homme au Sahara occidental.
«Le référendum, libre et équitable qui permet l’exercice du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, convenu lors de la mise en place de la MINURSO n’a pas été organisé non plus», ont conclu les signataires.
Un black-out total
Dans son nouveau rapport sur la situation au Sahara occidental, le secrétaire général, Antonio Guterres, a relevé que le manque d’accès du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme (HCDH) à ce territoire occupé a «fortement entravé» la surveillance des droits humains dans la dernière colonie en Afrique.
La situation des droits de l’Homme au Sahara occidental constitue une préoccupation majeure dans la région. La Haut-commissaire aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a déclaré récemment qu’elle avait « hâte de discuter» des paramètres d’une nouvelle mission technique au Sahara Occidental pour «identifier les problèmes critiques des droits de l’Homme» dans ce territoire non autonome.
Elle a indiqué que son bureau poursuivait à distance la situation dans ce territoire occupé par le Maroc depuis 1975, ajoutant que les dernières missions techniques avaient eu lieu il y a cinq ans.
De son côté, le groupe de soutien de Genève qui compte plus de 240 ONG avait demandé en juillet dernier, dans une lettre ouverte au président du Conseil de sécurité de l’ONU, de reprendre la Mission technique initiée en 2015, et à inclure un chapitre sur les droits de l’Homme dans le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso).