Eclairage/ A la croisée des chemins…
Par Mohamed Abdoun
Impitoyable et dotée d’une mémoire d’éléphant, l’Histoire retiendra sans doute la courageuse initiative via la lettre que vient d’adresser le président algérien au secrétaire général de l’ONU. Par-delà son contenu mûrement pesé, où chaque mot prend sens et puissance, la missive en elle-même vient interpeller et déranger les consciences de bon nombre de dirigeants arabes en ces temps de normalisation galopante. Juste, légal et partisan d’une fuyante et chimérique stabilité internationale, le président algérien place adroitement son doigt sur les nombreuses plaies qui font saigner à vif cette si sensible région de la planète. En homme d’Etat charismatique et juste, éveillant au passage la fierté qui n’a jamais cessé d’être nôtre dès qu’il s’agit de la sacralité de la défense de la Palestine. Oui, la seule solution équitable et juste, passe par celle à deux Etats, avec un Etat palestinien ayant Al Qods pour capitale. Or, une pareille solution est de plus en plus impossible à atteindre sous le joug de l’apartheid sioniste, la poursuite de la politique du fait accompli, les colonies sauvages, assimilables à autant de crimes contre l’humanité, les punitions collectives, les détentions administratives, les maisons détruites, les enfants jugés et emprisonnés dès l’âge de 14 ans, l’usage d’armes à feu létales contre des manifestants simplement armés de pierres, la judaïsation de la ville sacrée d’Al Qods… la lettre du président Tebboune, qui mérite salutations et médiatisations, vient placer toute la communauté mondiale face à ses responsabilités. Soutenir aveuglément l’entreprise criminelle de l’entité sioniste, comme le fait l’Occident depuis la nekba de 1948 ne lui rend même pas service. L’encourage au contraire dans sa mortelle fuite en avant. Il n’est en effet pas possible (ou plus possible) d’éliminer les Palestiniens jusqu’au dernier d’entre eux. De plus en plus de grands défenseurs de cette entité se rendent compte, écœurés, que cette entité a trop longtemps et trop souvent usé et abusé de son fond de commerce de la shoah afin de justifier ses atroces crimes commis au quotidien en Palestine occupée. Non la résistance face à cette cruelle et criminelle occupation n’est pas du terrorisme. Tant s’en faut. Cette normalisation galopante n’arrange pas non plus une solution durable et pacifique. Elle encourage au contraire une sorte d’intenable fuite en avant. L’apartheid, pour s’écrouler, doit être condamné et boycotté sans ambages. L’histoire récente de l’Afrique du Sud nous en fournit l’enseignement idoine. Désormais, chacun est placé face à ses responsabilités historiques et politiques. Personne, non personne, ne pourra s’y dérober désormais. La lettre du président Tebboune, motif de fierté pour tous les Algériens, est une sorte de piqure de rappel. Elle confirme au passage le grand retour de notre pays sur les devants de la scène géostratégique. Plus rien ne se fera sans nous. La voix de l’Algérie est respectée, écoutée et prise en compte. Nos conseils et prises de positions auraient pu permettre d’éviter pas mal de drames et de conflits récents.
M.A.