Eclairage/ Chronique d’une chute annoncée…
La trahison de Pedro Sanchez, président du gouvernement espagnol, n’a guère duré longtemps. Assez de temps, quand même, pour exacerber la colère des citoyens et les pousser à sanctionner son parti, le PSOE (parti socialiste ouvrier espagnol) via la voie des urnes.
Cette inéluctable chute me fait irrésistiblement à celle d’Icare, grisée par une éphémère victoire que le soleil a fini par faire fondre comme neige au soleil. Comme me le dit Abdallah Arabi, ambassadeur de la RASD en Espagne, dans un entretien que je viens juste de finir avec lui, le Maroc a humilié l’Espagne, et réduit son poids politique et géostratégique vis-à-vis de ses proches partenaires et alliés au sein de l’Union Européenne.
C’est plus que ne peut supporter un peuple fier et conquérant comme l’a toujours été celui d’Espagne. Il fallait bien arrêter le massacre, attendu que Pedro Sanchez est resté sourd aux multiples récriminations de son Parlement, et des manifestations populaires dénonçant hautes et fort sa honteuse trahison du Sahara Occidental. Rabat, qui n’a jamais raté une seule occasion d’humilier le PSOE et Pedro Sanchez, a franchi la dernière ligne rouge en tentant de fraude les élections au niveau de l’enclave ibérique de Mellila.
Il ne s’agit rien moins que d’une gravissime ingérence dans les affaires internes et souveraines de Madrid. Avant cela, le Makhzen s’était déjà permis unilatéralement de rendre publique la lettre de trahison de Pedro Sanchez. Cela, après que le ministre de l’Intérieur marocain eut qualifié de « territoires occupés » les enclaves espagnoles.
Rien de bon n’est venu du « partenariat stratégique » avec le Maroc, comme a osé le dire et l’espérer José Manuel Albares, chef de la diplomatie ibérique, lui aussi sur le départ, avec son chef, Pedro Sanchez. J’ajoute à cela, pour paraphraser Abdallah Arabi, le grand poids diplomatique et économique de l’Algérie a joué un énorme rôle dans l’imminente et salvatrice chute de ce « politique » déjà en train de chercher un nouvel emploi, probablement auprès de son concitoyen Joseph Borel.
Il est toutefois trop tôt pour épiloguer ou crier victoire, même si l’importance du retour de Madrid vers la légalité internationale, doublé du processus onusien de règlement de la crise colonialiste sahraouie, me semble être primordiale. Au regard du droit international, et dans l’attente de la tenue d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, me parait être déterminante. Le Maroc en comprendre enfin que le crime ne paie pas.
Ceux qui le soutiennent sans conviction, par peur ou par intérêt bassement matériel, ne pèsent pas lourd sur la balance. Voire, pas du tout. Personne ne regrettera, ni ne se souviendra de Pedro Sanchez, dont le désastreux règne à la tête de l’Exécutif ibérique laisse l’amère souvenir de l’accord de Madrid, première trahison espagnole sous Franco, avant la sienne propre.
Le peuple sahraoui est toujours là. Plus brave et déterminé que jamais. Après coup, il saura se souvenir de ses amis. De ses ennemis aussi…
Mohamed Abdoun
N.B : Lire également demain notre entretien avec l’ambassadeur de la RASD en Espagne, Abdallah Arabi