Eclairage
Par Mohamed Abdoun
En diplomatie, rien ne se fait en un jour, un seul. Discrétion, patience et persévérance, y sont constamment de mise. Si bien, que c’est souvent au moment où l’on se dit, lassés et harassés que rien n’avance comme il devrait, comme on voudrait aussi, que de notables avancées viennent à se produire. En diplomatie, non plus, le manichéisme n’a pas droit de cité. On s’y meut en nuances et à petits pas feutrés. Rien n’y est totalement blanc, ni intégralement noir anthracite. Les ennemis d’hier et d’aujourd’hui ne sont pas, ni ne seront pas, (forcément) ceux de demain. L’incompréhensible « bannissement » e la Syrie des rangs de la ligue arabe ne pouvait dès lors pas être définitif. Inutile de disserter sur l’erreur de ceux qui s’en sont rendus sinon coupables du moins responsables. Lâcher le président Al Assad sans rien proposer en retour, est une erreur stratégique e premier plan. Le premier à en pâtir a été hélas le peuple syrien. Le plus grand bénéficiaire n’est autre que l’entité sioniste. Isoler Damas c’est en effet affaiblir et poignarder dans le dos le fameux front du refus ce qu’il en reste du moins. Sur fond de normalisation galopante, l’enjeu principal du sommet arabe d’Alger achoppera sur la question palestinienne. A l’exception de cet amer constat qu’une réforme profonde de cette guilde se pose et s’impose sous peine d’autodissolution pure et simple. Printemps arabes obligent, c’est la Syrie qui a figuré en tête de liste des pays arabes visés « spontanément » » suivant un modus operandi savamment échafaudé par des activistes ONGistes spécialement formés dans des officines de la CIA et généreusement financés à coup de grosses liasses de billets verts. Certes colorés, mais parfaitement inodores hélas. C’est donc la Syrie qui a toujours tenu la dragée haute à l’entité sioniste. En parallèle, on a vu ce que sont devenu des pays dont les chefs absolus ont été éliminés à l’image de l’Irak, la Libye, la Tunisie. Al Assad qui a combattu de sanguinaires terroristes financés et armés par qui on sait, redevient aujourd’hui fréquentable. Ce n’est hélas pas grâce à ses frères et voisions arabes. Il est temps pour ces derniers de se racheter et de faire amende honorable, si tant est qu’il ne soit pas trop tard depuis qu’Isaak Herzog vient de fouler le sol émirati. Inutile non plus de se crêper la barbichette pour tenter de savoir qui serait moins dictateur que lui, parmi tous ces chefs qui continuent de le pourfendre, et d’avouer enfin qu’ils ont joué une carte perdante. Persister sur cette voie est purement suicidaire. La ligue arabe a plus que jamais besoin de la puissance et de la présence syrienne. Sameh Choukri, chef de la diplomatie égyptienne en a parlé enfin sans fard à l’occasion de la rencontre qu’il a eue avec son homologue omanais. « Notre pays attend avec impatience que les conditions soient créées pour que la Syrie revienne dans le domaine arabe et soit un élément soutenant la sécurité nationale arabe », a en effet déclaré ce diplomate dont le poids au sein de la ligue arabe est sans doute le plu fort et le plus déterminant parmi les 22 membres de cette guilde. La visite au Caire du président algérien finit de poser les jalons du sommet de la Ligue arabe dont la tenue est prévue à Alger. Il est vrai que pas mal d’embûches doivent être levées d’ici là. Notre diplomatie y travaille d’arrache-pied, et multiplie les discrets succès chemin faisant. Cela rend verts de rage ceux qui souhaitent torpiller nos objectifs. Ces derniers, clairement tournés vers la Palestine, ne sauraient agréer des pays engagés dans une normalisation qui vise avant tout à enterrer définitivement cette cause noble et très chère à l’humanité toute entière. En attendant, les propos tenus par Pierre Gland, président de l’EUCOCO sur La Patrie News, ont de qui rendre fiers tous les Algériens, quels qu’en soient les orientations politiques. Les actuels enjeux géostratégiques doivent être cernés et bien compris, car il y va de l’avenir de toute la région proche et moyen-orientale, voire de la planète entière. Nul droit à l’erreur n’est permis. Trop d’errements et d’égarements ont déjà été commis…
M.A.