Eclairage
Des fêtes aux défaites
Par Mohamed Abdoun
Le vote général au Maroc de ce drôle de 8 septembre, n’en finit pas de faire couler force encre et salive. L’arrivée d’Akhanouch à l’Exécutif, annoncée par nous en exclusivité, n’est sans doute pas le moindre des faits saillants lié à ce scrutin par trop anachronique. Il scelle en tous cas la sortie de l’ombre de bande de prédateurs qui pille impunément les richesses du royaume chérifien depuis des années. Le paravent islamiste vole désormais en éclat. Les marionnettistes de l’ombre s’exposent désormais au grand jour. Or, s’ils le font, ce n’est certainement pas de gaité de cœur c’est que la situation est tellement critique au royaume chérifien que Mohamed VI s’est vu contrait et forcé de faire appel aux oligarques les plus proches de lui. A travers la montée en puissance d’Aziz Akhanouch du RNI (rassemblement national indépendant), et Fouad El-Himma du PAM (parti pour l’authenticité et la modernité), par ailleurs ami d’enfance du roi marocain. La mafia prédatrice et parasite, qui ronge le royaume chérifien depuis des lustres, vient de s’adjuger vertement les commandes du royaume chérifien. Le fard des fausses réformes et de l’ouverture démocratique s’est brusquement craquelé tel un vernis obsolète, et est brusquement tombé en poussière. Les islamistes du PJD (parti pour la justice et la démocratie), dont le roi Mohamed VI s’était maintes fois servi depuis les printemps arabes de 2010-2011, tombent désormais de haut. De très haut même. Revenus à la case départ, plus penauds que jamais ils laissent désormais les…. cases des parts à cette richissime mafia d’oligarques, venue ou revenue au pouvoir en désespoir de cause. Le parti d’Aziz Akhanouch, considéré comme proche du palais, a pris part à toutes les coalitions gouvernementales depuis 23 ans, sauf pendant une brève période entre 2012 et 2013. « Le principal engagement du parti est de travailler sérieusement tant que nous jouissons de la confiance des citoyennes et des citoyens, en vue d’améliorer leur quotidien, de réaliser leurs aspirations et de regagner la confiance en leurs représentants », a déclaré Akhannouch, tout sourire au sortir du palais de Fez après sa rencontre avec Mohamed VI. Le choix des mots en cette période cruciale et historique, est particulièrement bien pesé et pensé. Akhanouch, en effet, ne parle pas de « jouissance » en l’air. Luxe et luxure sont e effet une indubitable marque de fabrique chez ce genre d’individus. Aziz Akhannouch, qui pèserait deux milliards de dollars selon le magazine Forbes. Discret et peu disert dans les médias, il conserve son poste de ministre de l’Agriculture même quand son parti quitte la coalition gouvernementale entre 2012 et 2013 après la victoire historique des islamistes en 2011 dans le sillage du Printemps arabe. Aziz Akhannouch a gardé ce portefeuille stratégique de l’économie marocaine jusqu’à ce jour.
Mohamed VI protège les magouilles et combines des oligarques…
Le RNI est une pure création d Hassan II, père de Mohamed VI. Ce parti, dont la naissance remonte à 1978, est formé de notables et de technocrates, expression fourre-tout qui fait surtout allusion aux nababs du Makhzen. C’est en effet ce dernier qui reprend publiquement et officiellement la main après s’être longtemps caché derrière le paravent islamiste. Les cadres du PJD, avec à leur tête Benkirane et El Otmani, n’ont en effet jamais géré véritablement le royaume, privés qu’ils étaient de tous les pouvoirs régaliens, supposés être ceux de tout gouvernement digne de ce nom. Akhanouch est éclaboussé par une vive polémique en avril 2018. Une mystérieuse campagne de boycott visant trois marques célèbres, dont les stations-service Afriquia qu’il contrôle, apparait sur les réseaux sociaux pour dénoncer la cherté de la vie. À la tête de la tentaculaire holding Akwa Group, opérant dans les hydrocarbures et l’immobilier, Aziz Akhannouch est particulièrement visé comme symbole de la collusion entre affaires et politique. Quelques semaines plus tard, il se retrouve à nouveau dans la tourmente lorsqu’un rapport parlementaire critique les marges excessives des distributeurs de carburants depuis la libéralisation des prix en 2015, à commencer par son groupe Afriquia. Le Conseil marocain de la concurrence se saisit de l’affaire et conclut en juillet 2020 à une entente entre géants pétroliers. Il inflige des sanctions frappant 9 % du chiffre d’affaires des trois leaders du marché : Afriquia, le français Total et l’anglo-néerlandais Shell. Accusé d’irrégularités dans la procédure, le président du Conseil, Driss Guerraoui, sera ensuite limogé par le roi. Entre potes et complices on se sert les coudes et on se protège mutuellement. Akhanouch inondé le pays d’argent sale lors de ces dernières élections générales. Mais, encore, il peut toujours compter sur la protection et de son ami Mohamed VI. Cela, même si ce scrutin n’est qu’une formalité, sachant que les résultats en étaient connus et décidés d’avance.
Les Sahraouis vivotent, mais point ne votent…
Cette indescriptible mascarade électorale, n’empêche pas certains de prendre leurs désirs pour des ordres. Cela, à défaut de faire son mea-culpa et d’admettre ce désordre absolu. Cet incommensurable embrouillamini. Les disciples de Nacer Bourita, ministre marocain des Affaire étrangères sont d’inénarrables fabulateurs. Certains parmi les « diplomates » et arraches de dents marocains sont en effet de fieffés menteurs. « Courageux » à leur façon, ils œuvrent vaille que vaille à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Après le consul marocain d’Oran qui traitait notre pays de « territoires ennemi », Omar Hilal, représentant du royaume chérifien à l’ONU, qui déclare sa « FLAMME » pour le MAK, prenant le risque assumé de mettre le feu aux poudres entre Alger et Rabat, voici venu le tour d’El Mokhtar Ghambou, représentant du Maroc au Kenya. Celui-ci, toute honte bue, alors que je surveillais de très près le vote dans les territoires occupés, un peu comme on le ferait pour le lait sur le feu, vient de lâcher une énormité. A l’en croire, « la participation record aux élections dans les provinces du Sud est la meilleure preuve” que l’idée du référendum est dépassée et absurde ». Sic ! Le peuple sahraoui, qui vit sous le joug colonial, ne pouvait raisonnablement pas prendre part à un scrutin qui ne le concerne ni de près ni de loin. S’il ya eu vote dans les territoires occupés, celui-ci est le fait des éléments bien entrainés, et bien rémunérés aussi, du RNI, passés maitres dans le bourrage des urnes et le « bidouillage » des chiffres. Aucun Sahraoui, en effet, n’a voté. Même les colons marocains, déportés » vers les « provinces du », voteraient très probablement en faveur de l’indépendance lorsque le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui aura enfin lieu. En attendant, le Maroc se permet de défier l’ONU, et de transgresser le droit international en se permettant de tenir un scrutin dans un territoire classé « non-autonome » par la quatrième commission de l’ONU. Le Sahara Occidental et l’ultime colonie persistant en Afrique. A ce titre, il pèse lourd sur la conscience et les principes de base de l’Union Africaine, dont la RASD (république arabe sahraouie et démocratique) est, faut-il encore le rappeler, membre fondateur. Même le Maroc, par décret royal, en a reconnu l bien-fondé. Le reste, tout le reste, n’est que littérature…
M.A.