Eclairage
Diplomatie rationnelle contre populiste fuite en avant…
Par Mohamed
Fort heureusement, la voie de la sagesse et de la diplomatie rationnelle prônée par Jean-Noël Barro, chef de la diplomatie française, a fini par l’emporter sur la stupide et populiste fuite en avant de son collègue de l’Intérieur, Brunot Retailleau, partisan d’une « riposte graduée », et auteur d’un nombre incalculable de déclarations provocatrices à l’endroit d’Alger. Or, même si cette voie de la sagesse et de la rationalité diplomatique a fini par prendre le dessus, il faut savoir raison garder, tempérer ses ardeurs, et ne pas crier victoire trop tôt. Le hiatus existant entre Alger et Paris n’a eu de cesse de s’accentuer depuis de nombreux mois et années. Si l’alignement de Macron sur la thèse illégale et criminelle du Maroc au Sahara Occidental a fait voler en éclat le patient et fragile édifice bâti par ce dernier durant des années, c’est la preuve que Macron n’a jamais voulu céder sur l’essentiel. Ses menues concessions, à connotations strictement formelles, n’ont pas réussi à faire progresser de façon significative le travail mémoriel. Macron n’a pas reconnu, ni ne reconnaitra jamais, à présent qu’il a laissé arriver l’extrême droite à l’antichambre du pouvoir, et que le « cordon sanitaire » a volé en éclat, les atroces crimes coloniaux de la France. La France a raté un magnifique tournant historique d’accepter son passé sanglant, d’exorciser ses vieux démons, au lieu de continuer à mentir, et à se mentir. Et ce n’est pas un Macron plus affaibli que jamais, que l’ont dit partant afin la conclusion de son second mandat, qui réussira cette gageure. A mon humble sens, la visite à Alger, ave Retailleau et Darmanin en embuscade, servira surtout à stopper cette escalade, que l’extrême droite voulait conduite jusqu’à la rupture totale et définitif. Les OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français), seront traités dans le strict respect des lois et des conventions en vigueur, jamais selon les desiderata de Retailleau et son clan de nostalgique du passé colonial de la France. Il est question, en quelque sorte, de « gérer les affaires courantes, d’aller vers une sorte de « paix froide », pour reprendre l’expression utilisée par un chercheur en relations internationale, avec qui j’ai discuté ce matin de ce sujet. Il est par ailleurs attendu de la France qu’elle décontamine les sites où elle s’est livrée à des essais nucléaires et d’armes chimiques. La France doit en effet faire montre d’un minimum de bonne volonté. Qu’elle fasse par ailleurs montre de plus de neutralité dans le traitement des questions palestinienne et sahraouie. C’est son statut de membre permanent du conseil de sécurité qui le lui dicte, pas nous. Quant à cette affaire qui fâche, celle de la détention de Sansal, force est de relever que sur la forme, il y a appel du parquet et de sa part. Aucune grâce présidentielle n’est donc possible en attendant son jugement en appel. Quant au fond de cette même affaire, Sansal est blâmable et condamnable à plus d’un titre. Inutile dès lors de chercher à raviver des tensions stériles. Les a « affaires courantes » en pâtiraient. Avis !
M.A.