Six nouveaux pays ont été admis au sein des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qui devraient devenir les Brics + à partir de l’année prochaine.
L’Argentine, l’Éthiopie, l’Iran, l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats arabes unis deviendront membres à part entière à compter du 1er janvier 2024, a annoncé le groupe lors de son XVe sommet en Afrique du Sud et qui s’est terminé jeudi soir. Les cinq Brics représentaient environ 42 % de la population mondiale et plus de 23 % du PIB mondial.
Le groupe élargi représentera 46,5 % de la population mondiale et environ 30 % du PIB mondial. Une fois digérée la non-entrée de l’Algérie aux BRICS+, place à présent à la réflexion. Posée et bien ordonnée. Certains des choix opérés, dont celui du refus du dossier d’adhésion algérien, interrogent, autant qu’ils posent problème.
Au plan économique, géostratégique, politique, et même industrie, l’Algérie coche toutes les cases. Bien avant les BRICS originels, elle fait partie des rares pays à avoir milité en faveur de l’avènement d’un ordre mondial rénové, plus juste et plus humain. Est-ce encore le cas avec les BRICS élargies ou BRICS+, il est, ma foi, permis d’en douter.
Les Emirats Arabes Unis, ainsi que l’Egypte sont totalement alignés sur les thèses occidentales, qui sont également celles de l’OTAN. Même l’Arabie Saoudite, qui tente de se défaire du giron protecteur des USA, reste une monarchie qui ne doit sa création et sa survie qu’aux maintes du monde, dépecé selon leurs desiderata ente les deux grandes guerres, et la chute de l’empire ottoman.
Bref, les BRICS+ ne sont pas, ni ne seront porteurs de ce monde rénové, et porteur de grands espoirs pour l’humanité, notamment celle des laissés pour compte du sud global. L’élimination de l’Algérie, dont la puissance, le passé, les hauts d’arme et la position géographique plaident pour elle, tend à prouver que les BRICS+ viennent de sacrifier les grands rêves de l’humanité sur l’autel d’une vulgaire ambition de boutiquier.
Je conçois mal que des pays comme l’Ethiopie et l’Egypte, qui se crêpent le chignon à cause de l’or bleu, des eaux du Nil et du barrage de la renaissance, puissent s’entendre sur un quelconque pont.
Si le control du détroit d’Ormuz, du canal de Suez et de la partie orientale de la mer rouge ont motivé les choix des pays ayant bénéficié de cet élargissement, force est de relever que ces calculs me semblent plus que oiseux. Idem pour le pétrole, énergie fossile dont il est préférable de se passer pour des Etat émergeants, et prétendument tournés vers l’avenir.
S’agissant de l’Amérique Latine, l’Argentine est certes un grand pays, mais il est lourdement endetté, en butte à une inextricable crise économique, qui plus est contrôlé par le FMI et la Banque Mondiale. Pour dire les choses crument et simplement, ce groupe s’est tiré une balle dans la jambe à cause de certains de ses choix malheureux.
A la poursuite d’ambitions immédiates et mercantiles, il a remis en cause une dynamique d’avenir, dessus laquelle une bonne partie de l’humanité fondait d’énormes espoirs.
L’organisation dite horizontale de ce groupe, où les décisions sont collégiales et concertées, il lui sera impossible de faire le moindre pas.
Chinois et Russes sont conscients du fait que les BRICS+ ne représentent plus un groupe de nations partageant les mêmes idées historiques, et les mêmes idéaux politiques. Si les BRICS+, désormais neutralisés à cause des poids morts venus s’y greffer, veulent renouer avec leur irrésistible et salvatrice dynamique originelle, ils devront impérativement procéder à une sorte de mue, ou de délestage.
Comme le dit l’adage, mieux vaut être seul que mal-accompagné. Présentement, l’Occident doit rire sous cape en y ayant injecté des éléments retardateurs, ou carrément bloquant. Car, si cette élargissement visait une plus grosse cagnotte financière et plus d’énergie fossile, autant y admettre aussi les… USA.
Mohamed Abdoun