Eclairage
Eviter de se noyer dans un verre d’eau
Par Mohamed Abdoun
Il n’est sans doute pas nécessaire d’avoir lu « L’art de la guerre » de Sun Tzu pour décréter ceci en préambule : à quoi bon s’engager dans un combat, et y jeter toutes ses forces lorsque l’on sait que celui-ci est perdu d’avance ? Il n’est pas question ici de repli mais carrément de stratégie. L’arrivée de l’entité sioniste en tant qu’ « observatrice » est certes désobligeante à plus d’un titre. Or, il n’est pas nécessaire de s’y opposer frontalement. Sur les Etats membres de l’Union Africaine (UA), pas moins de 42 d’entre eux entretiennent des relations plus ou moins étroites avec cette entité. Certes, les valeurs fondatrices de l’UA, et avant elle celles de l’OUA avant celle-ci, sont basées sur le rejet du colonialisme, du racisme et du terrorisme. Si l’entité sioniste en est adepte, force est de constater que l’Afrique révolutionnaire d’antan et ses engagements en faveur des combats libérateurs et émancipateurs, n’est franchement plus que l’ombre d’elle-même. L’adhésion du Maroc à l’UA en 2007 en est une preuve formelle, sachant que celui-ci occupe illégalement un autre pays, qui plus est, est membre fondateur de cette même UA, la RASD en l’occurrence (république arabe sahraouie et démocratique). Le statut d’observateur attribué à l’entité sioniste, ne lui donne pas droit de citer lors des débats au sein des différentes instances de l’UA, et encore moins celui de pouvoir voter. Quant à la possibilité de pouvoir influer sur les positions et décisions des pays africains, les relations bilatérales et les rencontres, secrètes ou publiques, sont faites pour ça. Netanyahu, qui continue de traiter comme des infra-humains les juifs noirs d’origine africaine, a souvent sillonné le continent noir à la poursuite de ce but précis. Mohamed VI aussi. L’arrivée de cette entité ne changera donc rien à cet ordre établi. Du moins, sur le plan formel. Reste à relever que Moussa Faki, président de la commission de l’UA, est pris la main dans le sac pour avoir accepté ce nouveau-venu, pour ne pas dire cet intrus, sans avoir pris le soin de consulter ses pairs une fronde tous azimuts et menée contre cette impopulaire décision. A la tête d’un nouveau front du refus », l’Algérie s’oppose, et émet des réserves quant à la décision de ce Moussa Faki Mahamat, qui se voyait déjà à la tête de l’Etat tchadien après la mort d’Idriss Déby Itnou. Il est temps de stopper les agissements de ce triste individu, qui porte atteinte aux intérêts suprêmes de l’UA et à ses valeurs les plus nobles qui soient. Les positions personnelles de chaque Etat membre de l’UA relèvent de sa souveraineté. Leurs relations bilatérales avec telle ou telle entité aussi. Il n’en demeure pas moins que les principes fondateurs de l’UA doivent demeurer immuables. Le devenir de cette guilde en dépend étroitement. Et c’est là que réside l’impair commis par Moussa Faki. Ce dernier ne doit cependant pas nous faire perdre de vue le leurre dressé devant nos yeux. L’Afrique, forte de ses combats, de ses sacrifices, de son expérience et de ses traditions, saura séparer le bon grain de l’ivraie…
M.A.