Eclairage/ Mimétisme stérile
Par Mohamed Abdoun
Il a fallu une bonne semaine avant qu’Emanuel Macron se résolve enfin à s’exprimer sur le «cassant » report sine-die de la visite à Alger de son Premier ministre Jean Castex.
Partant, il ya de quoi se sentir flatté de constater que le jeune chef d’Etat français ait adopté comme modèle le président Tebboune. Macron a en effet développé un argumentaire similaire à celui avancé par le chef d’Etat algérien lorsqu’il avait eu à disserter sur les relations algéros-françaises à l’occasion de sa dernière rencontre avec des représentants de la presse locale.
Cependant, cette comparaison ne va pas au-delà de ce tacite et flatteur mimétisme. En France, en effet, il existe de puissants courants hostiles à ne relation apaisée et juste entre Alger et Paris.
Ce courant, qui ne fait pas secret de ses choix stratégiques et éditoriaux, développe à longueur de journée et de colonne un discours xénophobe et haineux. Ce faisant, il n’est pas jamais à court d’argumentaires ou de formules « fleuries » pour faire avaler ses couleuvres.
Des supposés bienfaits du colonialisme jusqu’à l’islamo-gauchisme en passant par la justification et/ou la négation de certains crimes particulièrement barbares. Droite et extrême droite nous envieront éternellement notre beau et riche pays. Ils n’en finiront jamais de se lamenter sur leur « paradis perdu ».
Mais, en Algérie, les choses sont foncièrement différentes. Ici, tout le monde est favorable à l’épanouissement d’une relation équitable, apaisée et profitable aux deux parties, mais jamais déchirer la page du passé colonial, ni même la déchirer, sans une repentance sincère de la France et une reconnaissance publique de ses indicibles crimes.
L’obsolescence du tristement célèbre complexe du colonisé n’a plus droit de citer que chez ceux qui se sont ménagé, et aménagé, une « patrie de rechange ». Mais, là n’est pas le propos du moment. L’annulation de cette visite fait en effet suite à une inacceptable provocation de la partie française.
Que l’on en juge : la réunion de la 5e session de la Grande Commission mixte algéro-française (Cihn) est pluridisciplinaire, et implique par voie de conséquence de nombreux ministres et hauts responsables activant dans divers secteurs. Elle revêt par voie de conséquence une importance tout aussi stratégique que capitale.
Or, décider d’implanter une représentation de LaREM, le parti présidentiel français, dans les territoires occupés sahraouis à la veille de cette rencontre relève de la pure provocation. Au reste, Paris ne saurait guère l’ignorer. De son côté, Alger n’avait même pas à administrer une leçon de savoir-vivre à ce partenaire pour qui les us diplomatiques sont supposés ne pas avoir de secrets. Alfred de Vigy le disait en son temps. Pas besoin de s’en faire l’écho : « Avoir ce que l’on fut sur terre, et ce qu’on laisse / Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse ».
Prendre ombrage de la décision française n’a rien que de normal. Un pays, qui a payé très cher son indépendance et son émancipation mesure à sa juste valeur le joug colonial qui oppresse encore nos frères, amis et voisins sahraouis. Soutenir le droits des peuples, tous les peuples, à l’autodétermination relève d’une doctrine axiomatique pour la diplomatie algérienne.
En revanche, ceux qui nous prêtent des velléités expansionnistes et d’accès vers l’océan Atlantique à travers notre solidarité avec le combat juste et noble du peuple sahraoui, ceux-là subodorent chez nous un défaut qu’ils trainent eux-mêmes honteusement.
Tout voleur, ma foi, croit voir des mains baladeuses partout. Voilà pourquoi la sortie médiatique de Macron ne servira pas à arrondir les angles.
Les anciens partisans de « l’Algérie françaises », arrivés jusqu’à fomenter un pronunciamiento contre le général de Gaulle, sont aussi puissants (ou presque) que ces lobbys qui soutiennent et protègent le Maroc dans sa criminelle entreprise coloniale au Sahara Occidental.
M.A.