Eclairage/ Putsch au Burkina Faso : Un effet-domino qui consomme l’échec de la « françafrique…
Par Mohamed Abdoun
Au Burkina Faso où le président Kaboré en était à son second mandat, des soldats se sont brusquement mutinés, déposant ce dernier sans autre forme de procès.
La France, loin d’être (entièrement) étrangère à ce pronunciamiento, avait proposé depuis dimanche à Kaboré une discrète et musclée exfiltration, avait-on pu apprendre en exclusivité.
Les évènement sont toutefois allés bien plus vite que ce qui devait avoir été prévu originellement.
Des sources maliennes et burkinabés nous ont parlé d’une sorte d’effet boule de neige causé par le coup de gueule des militaires maliens nos sources, qui rappellent que les défis sécuritaires ne peuvent être réglés, ni gérés, par une quelconque partie étrangère, mettent en avant l’échec cuisant et consommé de la France dans cette partie de l’Afrique.
Au Burkina, où les morts parmi les civils et les militaires se comptent par dizaines chaque jour, l’exemple malien est plus frappant et plus édifiant que jamais.
La journaliste malienne Mariam Sissiko nous a par exemple rappelé que le terrorisme recule et essuie de sévères revers depuis que les troupes françaises se sont repliées, laissant le terrain libre aux FAMA (forces armées maliennes).
Au Burkina, sept ans de présence française n’a fait qu’aggraver les choses, sachant. Une rupture radicale s’imposant dès lors de facto, souligne de son coté le journaliste et analyste Bakari Traore, qui va jusqu’à parler d’ « impérialisme occidental ».
S’agissant du Mali toujours, il est sans doute nécessaire de rappeler que c’est la France qui a toujours empêché l’application sur le terrain de l’accord d’Alger, gardant la haute main sur les présidents maliens successifs depuis Alppha OmarKonare jusqu’à Amaou Toumani Toure en passant par Ibrahim Boubakar Keita.
C’est également la France qui a ouvert la boite de Pandore en commanditant l’assassinat de Kadhafi, risquant presque de provoquer la chute du régime de Bamako et l’éclatement total de ce pays dès lors, que peuvent bien peser les sévères sanctions de la Cédéao (aux ordres de la France) imposées aux actuels dirigeants maliens ? Pas grand-chose, assurément.
Ce n’était ni un “mouvement d’humeur” ni une simple mutinerie, contrairement à ce qu’ont assuré les autorités du Burkina Faso. Mais un coup d’État sur fond d’insécurité endémique et de tensions entre le président Kaboré et l’armée.
Et pour le Pays, c’est toute la stabilité institutionnelle de l’Afrique de l’Ouest qui doit être repensée. Une mutinerie qui tourne au coup d’État. C’est en effet la situation que vit le Burkina Faso au lendemain du mouvement d’humeur du 23 janvier, dans quelques casernes de la capitale et de l’intérieur du pays.
En effet, dès le matin du lundi 24 janvier, plusieurs sources faisaient état de l’arrestation, par les soldats mutins, du président Kaboré ainsi que de plusieurs autres personnalités.
Quel avenir pour la Cedeao ?
Cette question est d’autant plus fondée que ce coup de force intervient au moment où des pays comme le Mali et la Guinée, qui en ont récemment connu, sont dans le collimateur de la communauté internationale, qui continue de maintenir la pression pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel normal.
Soit dit en passant, si ce n’est pas un pied de nez à la Cedeao (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest), cela signifie à tout le moins que l’institution sous-régionale est loin de faire peur avec ce coup de force qui intervient au lendemain de lourdes sanctions prises contre le Mali.
Cela dit, au-delà de l’émotion, les Burkinabés attendent d’en connaître davantage sur les tenants et les aboutissants de ce coup de force et les motivations réelles de ses initiateurs. Il semble que les mutins exigent plus de moyens pour mener à bien leur mission.
Le retrait des forces étrangères, à commencer par celui de la France pourrait suivre de près ce coup de force. Waint and see…
M.A.
Le Danemark sommé de retirer ses trouve immédiatement
Les autorités de transition au Mali ont demandé, lundi, au Danemark de retirer « immédiatement » son contingent déployé dans le pays qui participe au groupement européen de forces spéciales Takuba initié par la France.
Le gouvernement malien a indiqué dans un communiqué lu à la télévision nationale que « ce déploiement est intervenu sans son consentement ». Dans ce communiqué, le gouvernement malien note que le déploiement des forces danoises s’est fait sans qu’ait été conclu un accord bilatéral entre Copenhague et Bamako, comme l’aurait voulu selon lui le protocole applicable aux pays participant à Takuba.
Par conséquent, ajoute le texte, «la République du Mali invite la partie danoise à retirer immédiatement ledit contingent du territoire». Le gouvernement a rappelé à ses partenaires engagés dans la lutte anti-jihadiste «la nécessité de l’obtention préalable de l’accord des autorités maliennes avant tout déploiement au Mali».
Le Danemark a annoncé la semaine passée l’arrivée au Mali de 90 hommes, majoritairement des soldats d’élite et des chirurgiens militaires, censés participer au sein de Takuba à la protection des civils contre les jihadistes dans la zone dite des trois frontières (Mali, Burkina Faso, Niger) et être basés à Ménaka (est du Mali).
M.A