Eclairage
Rumeurs à blanc
Par Mohamed Abdoun
Tant d’encre et de salive ont coulé à propos du prochain sommet de la Ligue arabe. Insidieuses et malsaines, des rumeurs ont commencé à circuler sous forme de timides balbutiements. S’enhardissant petit à petit, et se nourrissant les unes des autres, ces inaudibles rumeurs ont fini par prendre corps.que n’a-t-on pas écrit, et lu aussi, dans des articles de presse exclusivement adossés à des ouï-dire et des on-dit. Pas besoin d’aller chercher très loin les menteurs, les monteurs et les fomenteurs de ces malsaines rumeurs. A leurs yeux, et dans leur cervelet d’oisillon, ce sommet serait déjà reporté. De doctes arguments nous ont même été avancés pour en justifier les causes. Et les effets aussi. Or, en grattant le vernis écaillé de ces rumeurs, devenues vérités axiomatiques aux yeux de leurs « sponsors, il devient loisible de se rendre compte de cette sordide et machiavélique mystification. Que l’on en juge : il ne saurait aucunement être question d’un quelconque report de ce sommet, attendu que sa date n’avait même été fixée. Elémentaire comme démonstration de logique basique. Une fois admis ce premier élément axiomatique, il devient possible de pousser le raisonnement un peu plus loin. D’abord, à quelle logique malsaine obéissent ces rumeurs malsaines. La volonté de parasiter ce sommet y est évidente. L’estampille sioniste se devine de loin. Cette entité n’a en effet pas intérêt à avoir en face d’elle une ligue arabe soudée, puissante et s’exprimant d’une seule voix. Or, c’est ce but ultime que poursuit la diplomatie algérienne, plus sincère et désintéressée que jamais. Au sein de notre guilde, la question palestinienne est nodale. Or, les voix et les voies y sont nombreuses, variées et souvent divergentes. Si pour l’Algérie il n’est toujours pas question de reconnaitre Israël sans une solution à deux Etats, l’arrête des colonisations et le retrait de Tsahal du Golan syrien, l’accord d’Abraham en a décidé autrement. Or, si le terme « jamais » n’existe pas en diplomatie, la gageure que la nôtre est tenue de relever est de réussir à modeler le creuset idoine, celui-là même qui permettra de ciseler les mots, de rapprocher les positions et d’aplanir les divergences. Il va sans dire qu’une œuvre pareille ne s’accomplit pas en un tournemain les gens habitués aux coulisses de la diplomatie ne sont pas sans ignorer que les négociations au niveau des experts ou des ministres peuvent parfois buter sur un mot, voire une virgule. Le parasitage sioniste n’arrange pas non plus le travail d’orfèvre qu’accomplit en toute discrétion notre diplomatie. Sous la direction du président Tebboune, et grâce à son entregent reconnu de tous, ce sommet s’annonce tout aussi historique que capital. D’où cette inhabituelle attention qui lui est consacrée. Les bâtons dans les roues aussi. Il n’en cristallisera pas moins le signal pour un nouveau départ. Chacun y mettra du sien. Pour le bien de tous. Rendez-vous est pris pour la date doublement symbolique que fixera le président à ce sommet. La diplomatie est un subtile. Une indicible alchimie basée sur le dialogue. Les concessions aussi. L’Algérie a déjà ébloui, séduit, fait peur, étonné… elle le fera encore à l’occasion de ce sommet. Tenez-le vous pour dit !
M.A.