Edito
Complot-boomerang
Par Mohamed Abdoun
La cause sahraouie va bien. Elle ne s’est d’ailleurs jamais mieux portée qu’en ce moment-même. En voulant l’enterrer définitivement, le sordide et grossier complot maroco-espagnol lui a rendu un énorme service. C’est toute la planète qui, désormais se soulève pour défendre ce peuple opprimé sous le joug colonialiste. La pétition internationale, qui a déjà recueilli des centaines de signatures d’artistes, de politiques, d’intellectuels, au Venezuela, en Colombie, en Espagne, en France, au Mexique, au Panama, en Colombie et partout dans le monde, est un raz-de-marée qui ne va pas seulement emporter le traitre gouvernement espagnol, réduire à néant les prétentions congrues du PSOE, non, elle replace à l’honneur, à l’ONU, sur les devants de la scène internationale ce combat qui perdure depuis la détestable marche verte de Hassan II. La tenue d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraraoui redevient urgente et prioritaire. Comme en 1991, quand le front Polisario, largement victorieux sur le terrain, acceptait de signer un cessez-le-feu sous l’égide de l’OUA et de l’ONU. Plus question de se laisser berner par ce « machin » d’Antonio Guterres et Staffan de Mistura. Plus question non plus de se laisser bercer quarante années de plus sous un statut-quo qui ne sert que les intérêts de l’occupant marocain, et qui a montré toutes ses limites. La MINURSO (Mission des Nations-Unies pour le Référendum au Sahara Occidental), comme son nom l’indique en clair, devra impérativement s’atteler à préparer et à organiser cette consultation référendaire. Le reste, tout le reste, n’est que stérile littérature et inacceptable fuite en avant. C’est désormais le peuple, dans son écrasante majorité, qui l’exige à cors et à cris. L’ONU est sommée de s’y conformer. De respecter enfin ses propres statuts et de se plier au droit international. C’est le peuple, souverain, qui le réclame. Souvent, j’ai pensé et espéré que le tournant historique du 13 novembre serait le point de départ de la fin du calvaire sahraoui. Je ne croyais pas si bien dire. Le trop plein de confiance du Maroc, fort de son alliance proclamée et assumée avec le régime d’apartheid sioniste, lui a fait commettre son erreur de trop. Une erreur fatale s’il en fut. Forcer la main à l’Espagne en l’humiliant sur la place publique va coûter très cher au régime du Makhzen. C’est toute l’Europe qui s’en trouve froissée. Horrifiée, elle découvre (enfin !) le chantage à l’émigration et au terrorisme que pratique Rabat depuis belle lurette avec la plupart des dirigeants du Vieux Continent. Désormais, il n’est plus question de prétendue « real politik » et d’ « intérêts communs à préserver. Pareils verbiages ne marchent plus que dans les secrets d’alcôve d’une suite princière du Mamounia. Pour Mohamed VI et ses prétentieux conseillers, les carottes sont cuites désormais. C’est le peuple de la planète entière qui se lève et se soulève pour crier « Basta ! ». Et s’il fallait encore parler un instant un seul, c’est sous la direction du Polisario, et de lui seul, que l’Europe en finira avec les menaces de terrorisme et d’émigration clandestine venant de cette partie du monde. Si ce n’était la crainte de paraître par trop ironique, je serais tenté de fendre, de me confondre, en remerciements pour la secrète lettre de Pedro Sanchez que Mohamed VI s’est empressé de rendre publique à l’insu de son auteur. Cet encanaillement entre complices qui se tirent joyeusement dans les pattes ne pouvait produire que cet effet-boomerang que nous constatons aujourd’hui sous nos yeux. Mohamed VI a craché en l’air. Voyez un peu le résultat…
M.A.