Edito/Couperet de l’arbitraire
Par Mohamed Abdoun
Fort de son poids et de sa puissance, Facebook sait mieux que personne qu’il peut imposer à toutes et à tous son fait du prince.
Qu’importe si la décision prise ne plait pas, ou ne fait pas florès. Qu’import non plus si la décision en question ne s’appuie sur aucune justification, pu même si elle n’est pas contrebalancée par le droit de se défendre, de se justifier et d’argumenter.
Même au pire des années de l’inquisition, les vilaines sorcières de Salem avait, serait-ce que formellement, le droit de se défendre, avant que d’être jetées au cœur du bûcher.
Cette force inouïe, qui permet d’imposer silence, de radier, d’irradier une page, sans la moindre possibilité de « rémission », concentre en elle tout cet anachronisme auquel est « arrivé le monde moderne » d’aujourd’hui. Celui qui y crie le plus fort est forcément, et férocement, celui qui a raison.
C’est, en gros, cette forme d’arbitraire abject et innommable, qui vient de frapper de plein fouet la page Facebook de La Patrie News. Je résume les (mé)faits en quelques mots pour nos lecteurs.
Certes, notre ligne éditoriale, résolument pro-sahraouie et propalestinienne, toujours au cœur des évènements qui touchent de près ces deux parties du monde, ne pouvait pas faire que des contents.
Les tentatives de piratage de notre page et de notre e-mail sont nombreuses, et de plus en plus élaborées. Preuve qu’elles viennent d’entités riches, puissantes, et maitrisant les puissants logiciels pouvant s’installer dans votre salon, votre chambre à coucher, et prendre le contrôle du microphone et de la caméra de votre téléphone.
Dans cet homérique et noble combat, qui reproduit celui de David contre Goliath, on s’en est toujours sortis tant bien que mal. Notre équipe technique veille au grain, se perfectionne et se forge en déjouant adroitement chaque nouvelle attaque. Jusqu’à cette nuit fatidique du 1er janvier aux environs d’une heure du matin, lorsque nous est parvenu un avis de fermeture de notre page.
Les dictateurs facebookiens ne nous ont même pas laissés préparer fébrilement tous les documents justificatifs et administratifs. Courte et froide aura été cette ultime nuit. Comme tout bourreau, qui travaille (masqué) à l’aube, cette radiation définitive et sans appel a fini par tomber.
Du jamais vu, s’exclament les community-managers qui ont eu à gérer auparavant des cas similaires. Le coup est venu d’entités puissantes, riches, et criminelles, dont nos cris et écrits ont rompu la quiétude. Nous n’en sommes pas peu fiers. Ce coup nous procure au contraire un énorme coup de pub, dont hélas nous nous serions passés bien volontiers.
Les nombreuses marques de soutien et de sympathie qui continuent de nous parvenir, nous réconfortent, et nous confortent dans notre ligne. Non, nous ne sommes pas seuls.
Messieurs les censeurs d’un autre temps, tenez-le vous pour dit. Personne ne nous fera taire. Non, personne !
M.A.