Edito/ Entre marteau et enclume
Par Mohamed Abdoun
Après ses malheureuses, tendancieuses et inexcusables déclarations sur l’Algérie, le président français était très attendu à l’occasion de la commémoration des horribles massacres du 17 octobre 1961.
Or, force est de constater qu’Emanuel Macron, pris entre l’enclume de ses devoirs d’honnêteté mémorielle, et le marteau d’une extrême droite nostalgique de son ancienne colonie préférée, son paradis perdu, a largement été en deçà des attentes légitimes de la partie algérienne.
« Les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République», indique un communiqué de l’Elysée, diffusé juste après une cérémonie sur les berges de la Seine, à hauteur du pont de Bezons.
Cette modeste et modique « concession » macronienne est en effet loin d’égaler le geste du président français à l’adresse des descendants des collabos-harkis, auxquels il a destiné de plates excuses, leur promettant même une loi, destinée à les indemniser sur les plans moral et matériel.
Dans ce communiqué élyséen, les choix des mots, des formulations et des expressions valent leur pesant d’or.
La présidence française, dans son communiqué, en effet, se contente de parler de «crimes inexcusables ».
Elle le fait, certes, mais ne s’excuse pas formellement et officiellement, tel que l’a fait Macron pour les harkis collabos.
L’ultime pas mémoriel, qui eut bâtir un pont solide entre Alger et Paris, n’est dès lors pas franchi.
La France officielle ne parle pas non plus de crimes d’Etat. Dans lesquelles toutes les institutions de la Républiques française avaient été mises à contribution pour cette «ratonnade », qui avait duré de nombreux jours, et non pas une seule nuit, tel que prétendu dans ce communiqué.
Ce n’est pas tout. La France officielle, dans ce même communiqué, tente de se disculper à moindre frais en incriminant Papon, alors que toutes ses institutions, et tous ses courants politiques, depuis les gaullistes jusqu’aux communistes en passant par les socialistes, avaient partie liée avec ce massacre.
Les pouvoirs spéciaux, qui avaient autorisé ces monstrueuses dérives, ne sont en effet pas le produit du néant. C’est donc la France qui continue d’errer, de renier son histoire, et de mentir aussi.
Le plus désolant dans cette histoire, c’est que Macron a en effet osé titiller… l’histoire, histoire d’en réécrire certains chapitres importants à sa convenance.
Cinglante et sans appel, la réponse algérienne est venue par la voix du président de la République, Abdelmadjid Tebboune : Alger exige respect et considération. L’heure de solder les comptes sonnera lorsque Paris regardera en face ses propres crimes, au lieu de s’appesantir sur de puériles et mesquines diversions.
C’est la nouvelle Algérie qui dicte les règles du jeu désormais. L’impérative fidélité à nos glorieux martyrs passe impérativement par là.
Le reste, tout le reste, n’est que puérils babillages de potaches dans une quelconque cour de récré…
M.A.