Edito/ Essai gagnant
L’histoire à peine croyable de ce qui vient de se produire avec le président kényan, fraichement élu, interpelle aussi bien les consciences que les analystes et activistes politiques qui militent pacifiquement en faveur d’un monde meilleur. Un monde plus juste surtout.
Différents niveaux de lectures permettent d’appréhender cette affaire qui, fort heureusement, se clôt au mieux au profit de la cause sahraoui. Au reste, j’avoue avoir été tenté, dans un premier temps, de tout ignorer, de faire comme si rien ne s’était produit, puisque dans cette curieuse et intrigante affaire, on revient quasiment à notre point de départ.
C’eut été trop facile cependant. Et c’est une discussion avec un ami, diplomate et ancien ministre, qui a fini par me convaincre de coucher sur papier ces quelques lignes.
Le tweeet du président William Ruto a en effet été précédé par la sortie impressionnante et présidentielle du chef d’Etat sahraoui, venu assister à la prestation de serment de son homologue kényan. Le pari de Brahim Ghali était tout aussi risqué qu’improbable.
Toutefois, il s’est avéré gagnant sur toute la ligne. Ce dernier, en réservant à Brahim Ghali un accueil encore plus impressionnant que celui du président tunisien Kais Saied, a dû gravement fâcher ses partenaires marocains et sionistes.
D’où son tweet annonçant la reconnaissance de son pays à la RASD. Fort heureusement, celui-ci a été suivi par un autre, rétablissant les choses dans leur contexte, et mettant en avant le soutien indéfectible de Nairobi à l’ONU et à la légalité internationale dans le règlement définitif de la question de décolonisation du Sahara Occidental.
Il ne s’agit rien moins que du projet d’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Cette annonce et ce soutien sont tout bonnement inestimables. La position de William Ruto est en effet connue de longue date. Il est favorable à la prétendue marocanité du Sahara Occidental.
Il est également un des plus puissants soutiens à l’entrisme sioniste déployé tous azimuts en Afrique. Ces rappels que profanes ignorent très certainement, permettent de dire que le président sahraoui est désormais en terrain conquis partout en Afrique. Les manœuvres maroco-sionistes sont cousues de fils blancs, et d’avance vouées à l’échec.
C’est la première et très rassurante conclusion que l’on peut déduire de cette non-affaire. Le second, qui vient renforcer un article commis la veille à peine. L’article intitulé ainsi « Révélation
Adhésion du Maroc à l’UA : Sur fond de corruption et d’achat des consciences », explique de quelle manière sulfureuse l’entrée du Maroc à l’UA s’est faite en 2016. Le loup est déjà dans la bergerie. A l’image d’un certain Mahamat Moussa Faki. Les bons diplomates, qui recourent à l’outil de la parole pour déguiser leurs pensées, sont particulièrement difficiles à débusquer.
Il le faut pourtant. Car, à mon humble sens, le combat final et décisif pour la cause sahraouie se déroulera en Afrique. Le lobby maroco-sioniste met le paquet sur le continent africain. Dans ce domaine précis, nous avons pas mal de retard à rattraper. Une véritable course contre la montre est engagée…
Mohamed Abdoun