Edito
Les points sur les « i »
Par Mohamed Abdoun
L’entretien accordé la veille par le président Tebboune à l’Opinion est un texte d’anthologie. Rondement mené par un journaliste « taquin », et maitrisant à merveille ses sujets, il a trouvé face à lui un grand homme d’Etat. Tebboune n’a éludé aucun sujet qui fâche. Il y a au contraire déployé un rare art diplomatique, et une faconde et une loquacité appelée à rester dans les annales. Rien n’y a été omis, ni laissé au hasard. Ce faisant, le chef d’Etat algérien a délivré au monde de belles leçons de diplomatie, de savoir-vivre et de respect de l’autre. Il l’a fait avec brio sans jamais céder une seule once sur les principes intangibles de l’Algérie. Sachant que L’Opinion est un média français, c’est sur les relations algéro-français que Tebboune était le plus attendu. L’exercice sémantique y a été plus que probant. Le président algérien s’est montré souple et plus que jamais ouvert au dialogue. Oui, mais encore faudrait-il que celui-ci soit sincère et constructif. Face à l’extrême droite, revenue en, force, aux portes du pouvoir carrément, nul dialogue n’est permis. Ses représentants sont animés par de la haine revancharde et une forme de racisme primaire. Avec ces individus, qui font tant de mal à la France, Tebboune se départit un tantinet de son sens profond de la mesure. Ils en prennent pour leur grade, eux qui dégradent l’image de leur pays, et œuvrent à couper les passerelles historiques, culturelles, économiques et autres. Lees reproches sont tout aussi nombreux que parfaitement fondés. En s’alignant sur les choix colonialistes du Maroc, espérant que la diaspora makhzenienne allait l’en remercier après sa catastrophique dissolution du Parlement. Ses calculs étaient faux. Il s’est carrément suicidé politiquement. Il importe dès lors de se tourner vers l’après-Macron. Car, chaque jour qui passe enfonce un peu plus la France, et distend ses relations avec l’Algérie. Cette dernière est une puissance reconnue, et un facteur de paix et de stabilité régionale. Nous sommes en passe de devenir une puissance émergeante, et rien ne se fera sans nous. Des vérités crues doivent être dites. Même aux amis. Notre non-alignement est un choix doctrinal et irréductible. Les pays du Sahel, Mali en tête, reconnaitront un jour les mérites de l’Algérie. Sans nous, toute cette région aurait basculé dans le chao. Pour ce qui est du Maroc, le président parle d’une « partie d’échec », expression que j’aime aussi à utiliser en diplomatie. Mais, c’est toujours le Maroc, ou le Makhzen plus précisément, qui commence, et qui provoque. L’Algérie en est toujours au stade de la riposte et de la légitime défense. Quant à son occupation illégale et criminelle du Sahara Occidental, notre soutien au combat libérateur du peuple sahraoui, comme celui aux Palestiniens, est principiel. Le front Polisario réclame des armes pour se défendre et libérer son pays. L’Algérie se garde (pour le moment) de lui en livrer. Message clair, lourd de sens et de puissance. Quant à la Palestine, le président Tebboune coupe avec brio l’herbe sous les pieds de Sansal, Zemmour, Retailleau, Daoud et autre. L’Algérie n’est pas antisémite, ne l’a jamais été et ne le deviendra jamais. Dès que la question palestinienne sera légalement tranchée, Alger nouera des relations diplomatiques avec Tel-Aviv. Oui, nous ne sommes pas racistes. Difficile d’en dire autant avec le régime d’apartheid israélien, et les projets de déportations massifs des migrants si la fille de Jean-Marie Le Pen, bourreau des Algériens durant notre glorieuse guerre de libération nationale, devait un jour arriver au pouvoir. En conclusion, l’avantage d’entretenir des relations saines et justes avec l’Algérie, c’est que la constance de notre diplomatie est une garantie en or massif.
M.A.