Edito
Macron sur les traces de Pedro Sanchez
Par Mohamed Abdoun
Bien sûr, et comme tout observateur de averti de la scène internationale,, j’ai suivi avec intérêt, non dénué de scepticisme ironique la visite de Macron au Maroc. Or, j’avoue que l’élément qui m’a le plus interloqué, comme me le faisait remarquer un ami diplomate chevronné, c’est l’étrange similitude dans la démarche, la coucherie et l’abdication de Macron face auy Makhzen, et celle de Pedro Sanchez, président du gouvernement espagnol. Les deux, contre l’avis de leurs peuples, leurs parlements, leurs opinions publiques, ont décidé de se placer aux antipodes de la légalité internationale. La similitude dans cette manière de se tirer volontairement une balle (politique) dans la jambe est come de juste assez interlope. L’irrationalité des actes de Macron et de Sanchez ne saurait échapper à personne. Les deux agissent à contre-courant des intérêts suprêmes de leurs propres pays. Ils le font, du reste, contre les avis austères de leurs peuples, et de leurs représentants légitimes. Les deux cas sont édifiants à plus d’un titre. L’Espagne, d’abord, incarne la force administrante des territoires non-autonomes du Sahara Occidental. Quant à la France, sa promiscuité (douteuse) d’avec le Makhzen, et son statut de membre permanent du conseil de sécurité, en a toujours fait un acteur de premier plan dans le règlement de ce conflit, ma foi facile à régler, mais qui perdure depuis un demi-siècle, et qui tend même à s’installer dans la durée. Comme me le répétait souvent le défunt président sahraoui Mohamed Abdelaziz, sans les interventions, souvent discrètes parfois tonitruantes, de Paris et Madrid, ce conflit aurait trouvé une issue favorable et légale via la tenue d’un référendum d’autodétermination depuis belle lurette.
Instruments idoines au service de causes justes et nobles
Depuis le honteux accord de Madrid, et la défection du dictateur Franco, beaucoup de prédécesseurs de Pedro Sanchez ont poignardé dans le dos le peuple sahraoui. La France en a fait pareil. De façon plus forte et plus directe. Christophe Lecouturier, nouvel ambassadeur de France au Maroc, et qui se trouve derrière cet actuel et spectaculaire rapprochement entre Paris et Rabat, a publiquement reconnu que son pays a bombardé les positions du Polisario durant l’invasion marocaine de 1975. Il a reconnu aussi que c’est Paris, dans le huis-clos feutré du conseil de sécurité, soutient le colonialisme marocain, et empêche que des résolutions contraignantes ne soient prise contre le Makhzen. Il n’existe pas de hasard en politique et en diplomatie. Si un soupçon de doute venait à surnager encore dessus l’océan de nos illusions, il suffirait juste de rappeler que même l’annonce publique du mort-né plan d’autonomie a été faite en 2005 depuis Paris par le président Jacques Chirac lui-même. Ce dernier, que j’ai eu l’heur d’interpeller sur la décolonisation du Sahara Occidenta lors deux conférences de presse animées à Alger, a adroitement botté en touche. Le Maroc dicte ses ordres à l’Espagne et à la France, via les infos compromettantes qu’il a dû récolter sur Macron et Sanchez en infectant les téléphones portables de ces derniers. Et c’est ce qui explique le caractère irrationnel des décisions prises par ces deux hauts responsables. Or, tout bon révolutionnaire sait toujours voir le verre à moitié plein, plutôt qu’à moitié plein. La fin de l’hypocrisie espagnole, et puis française maintenant, est positive en soi. Ces deux pays s’inscrivent ostensiblement en faux de la légalité internationale. Ils devront en subir les conséquences lorsqu’ils passeront bientôt à la caisse. Si le régime de Sanchez est gangréné par la corruption comme mentionné dans un article fouillé mis en ligne hier, Macron est quant à lui au plus bas des sondages, avec tout juste 17 % d’avis favorables. Un relent de dignité, s’il lui en restait encore, lui aurait dicté de démissionner avant de se faire chasser comme un vulgaire malfrat. Je ne perds pas de vue non plus le possible retour au pouvoir de Trump avec son deal du siècle. Lui aussi y va franco. Il marchande des choses qui ne lui appartiennent pas, ne relèvent pas de ses compétences, riens que pour assoir Mohamed VI sur les genoux des bourreaux et assassins des femmes et des enfants de Palestine. Sur cette terre, devenue un lilliputien village planétaire, diplomatie et géopolitique se télescopent plus que jamais. Des armes et des instruments idoines s’imposent pour continuer à servir efficacement les nobles causes du Sahara Occidental et de la Palestine. J’en ai longuement avec le chef de la diplomatie sahraouie, Mohamed Sidati, lors de mon récent séjour dans les camps de réfugiés. Une offensive de grande envergure se prépare pour le retour vers la légalité internationale, et la relance du processus de décolonisation du Sahara Occidental via la tenue d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Ce dernier compte beaucoup d’amis et d’alliés à travers le monde, dont les voix et les actions contrebalancer cette inacceptable et illégale situation de fait accompli. Ce tournant historique sera déterminant pour la cause. La trahison de Macron lui sera boomerang. Les rapports de force changent dans le monde. Le « sud global » imposera un meilleur respect des droits des peuples. Palestiniens et Sahraouis en tête. Avis !
M.A.