Edito : Mélange des genres et mauvais genre
Par Mohamed Abdoun
La polémique enfle. Elle n’en finit plus de grandir. Ce disant, il n’est nul besoin dans le propos de condamner…. La condamnation dont a été frappé l’islamologue Siad Djabelkheir.
Pas question non plus de commenter une décision de justice. Elle n’a pas (encore) été rendue. Mais, le réquisitoire est d’une inacceptable sévérité pour Said Djabelkheir.
Ce bien nommé est un érudit. Un universitaire de grande renommée. Un redoutable polémiste aussi. Les thèses qu’il défend, ma foi, (et sans jeu de mot aucun, ne sont pas si nouvelles, ni si originales que cela.
Elles me rappellent, avec beaucoup de nostalgie, l’islam tolérant, éclairé et juste de nos aïeux. C’était avant qu’on ne sacrifie deux ou trois générations à cause d’une école qui empêche de réfléchir, de faire travailler son cerveau.
Cette école-là, dont nous attendons impatiemment une réforme profonde, se base sur le dressage (excusez du peu), et le réflexe conditionné, au lieu de faire appel à la réflexion, à la logique et au sens de la déduction. C’est ce que fait l’universitaire Saïd Djabelkhir.
Il nous adjure de faire œuvre de réflexion. En tant que savant reconnu, quand bien même se serait-il trompé, il n’en mérite pas gratification pour son effort, sa louable jurisprudence.
S’il est voué aux gémonies aujourd’hui, c’est que la société algérienne a mué. Imperceptiblement, elle l’a fait à doses homéopathiques, et sournoises surtout. L
a gangrène salafiste dont nous avons terriblement souffert durant les années 1990, a fini par embastiller les esprits. Ce bel islam originel, qui est aussi celui de ma tendre enfance, est fait de tolérance, d’amour et de pardon.
Le cas Djabelkheir m’interpelle au plus haut point, qui me montre à quel point notre société, déraciné et privée de solides repères, a fini par rejeter, et condamner celui qui est venu lui apporter un peu de lumière. Je précise au passage que le cas Djabelkheir est atypique. Vouloir le classer avec cette « péronnelle » d’Amira Bouraoui, pour laquelle l’insulte et la vulgarité tiennent lieu de « programme politique ».
Djabelkheir est un expert en sciences islamiques. Son discours académique est cohérent, limpide, parfaitement argumenté, et d’une irréfutable limpidité.
Il est temps pour nous tous de rompre le cordon ombilical vicié avec ce wahabisme hérité de la part de ceux qui ne nous veulent pas que du bien. Il est temps de sortir nos cerveaux du congélateur, et de nous remettre à raisonner de façon cartésienne et scientifique.
Il est temps de secouer cette poussière obscurantiste qui altère notre vision et notre capacité innée de séparer le bon grain de l’ivraie. Nous méritions bien mieux que ça. L’islam authentique mérite aussi beaucoup mieux que ce qu’en ont fait ces érudits en herbe, ces « layadjouzistes » invétérés. Avis !
M.A.