Edito
No pasaran !
Par Mohamed Abdoun
Décidemment, Pedro Sanchez, devenu tristement célèbre dans les mémoires du peuple sahraoui, et de tous les êtres épris de paix et de liberté, a décidé de boire sa trahison jusqu’à la lie. Il serait même plus juste de dire jusqu’à l’hallali dans ce cas de figure précis. De fait, au moment où ce triste signor rompait le pain avec son hôte du soir, les deux chambres du Parlement ibérique dénonçaient ce changement d’attitude, venu briser un consensus national, laborieusement tissé depuis les accords de Madrid et le décès de Franco. Au vrai, Sanchez a fait bien pire que mettre les pieds dans le plat en se résolvant à trahir la cause sahraouie de façon aussi flagrante. Sans doute ne s’attendait-il pas à ce que Rabat le trahisse aussi vite en rendant publique sa « lettre de soumission ». Une pareille transgressions des us diplomatiques est une preuve flagrante que le Madrid de Sanchez s’est bel et bien placé sous les ordres directs de Rabat. Nul doute que Sanchez agit sous la contrainte. Sa trahison ne fait pas qu’ébranler très profondément son parti et sa famille politique, le PSOE (parti socialiste ouvrier espagnol). L’actuelle et fragile coalition gouvernementale n’a en effet aucune chance de survivre à ce gigantesque séisme. S’il ne fait aucun doute que l’Espagne officielle, sous la pression de la rue, reviendra vers sa neutralité originelle, force est de s’interroger sur les motivations qui ont poussé Sanchez à trahir ses idéaux ainsi que son propre camp. A-t-il eu la naïveté de croire que ce honteux deal allait calmer les prétentions territoriales et maritimes du Maroc ? Il faut croire que oui. Preuve en est que l’anecdotique visite à Rabat de l’encore président du gouvernement espagnol a coïncidé avec la réouverture des frontières et des liaisons maritimes entre les royaumes chérifien et ibérique. Or, si c’est le cas, Sanchez a bien tort de faire confiance aux dirigeants makhzeniens. Ces derniers, retords, belliqueux et expansionnistes comme pas un, s’enhardiront à coup sûr face à l’apparente faiblesse de Sanchez. Ce dernier, que Rabat fait peut-être chanter pour d’obscures raisons, vient dès lors de se suicider politiquement sans avoir rien obtenu en échange. Fort heureusement, la société civile et le la classe politique espagnoles veillent au grain. La trahison de Sanchez ne passera pas. « No pasaran ! », comme s’écriaient les anciens républicains des brigades internationales, tenant héroïquement tête aux troupes fascistes de Franco. A quelque chose malheur est bon. La trahison de Sanchez a redondé du souffle et du bagout à la cause sahraouie. En voulant la poignarder dans le dos, il lui a grandement rendu service. Son départ, qui ne fait plus de doute pour personne, scellera un nouveau et un grand départ pour le Polisario. Que l’Espagne post-sanchez assume enfin ses responsabilités juridiques et historiques. Avis !
M.A.