Edito/ Savoir raison garder
Par Mohamed Abdoun
Ce qui s’est passé cette nuit en Tunisie, et s’y passe encore au reste, est d’une gravité extrême. Un couac qui risque de renverser le cours de la révolution tunisienne, tel un impromptu grain de sable, s’est glissé dans les rouages que l’on pensait bien huilés.
Un peu d’histoire pour commencer. Suivez le guide. Je tâcherais d’être aussi concis que possible.
Le tragique décès d’El Bouazizi en avait fait la plus célèbre des victimes des printemps arabes. L’élément déclencheur de ce processus qui, depuis 2010, poursuit son cours inexorable.
La Tunisie, forte d’un héritage culturel et civilisation très fort laissé par Bourguiba (et même Benali quoique pourraient en dire certains, car ne faisant pas partie moi-même de ces personnes ingrates et oublieuses qui jettent le bébé avec l’eau du bain), le peuple tunisien, son élite du moins, s’est très vite ressaisi après avoir succombé au chant des sirènes islamiste.
L’expérience démocratique dans ce petit pays secoué par les soubresauts qui affectent durement son grand voisin libyen, s’est soldé par une éclatante réussite. Preuve en est que face aux vieux roublards de la politique, et au bastion nahdhaoui un homme, un seul, a su s’imposer et tirer son épingle du jeu. Sans ancrage politique, ni machine partisane roulant pour lui, il a su contrer avec brio tous les pronostics.je parle de Kais Said.
Cet universitaire patenté que rien ne prédisposait à devenir un jour président de la République tunisienne.
Mieux. Si son destin a basculé au lendemain des de l’annonce du choix électoral de ses concitoyens, force est de constater que cet homme a décidé de suivre son destin jusqu’au bout. Son séduisant franc-parler, qui plait tant aux Tunisiens, a franchi une étape nouvelle, et historique aussi, après ce discours fait en présence des chefs de l’armée et des forces de sécurité.
Sa voix hachée, mais néanmoins martiale, a su faire mouche. Oui, il est seul, absolument seul, face à une mafia qui manie à merveille l’art de louvoyer et de gagner du temps. Les plus gros dossiers de corruptions sont bloqués dans des labyrinthes inextricables.
En désespoir de cause qu’il en a appelé à l’arbitrage du peuple tunisien. Celui-là même qui l’a porté au pouvoir, et qui fait avorter le plan d’Ennahda de fomenter des troubles, à défaut de prendre le contrôle par la force du siège du Parlement. C’est une seconde révolution, et une sorte de renaissance, qu’est en train de vivre ce pays.
Cette renaissance débouchera un jour sur une sorte de reconnaissance envers cet homme courageux et charismatique qui a su un jour assumer ses responsabilités, et prendre les risques voulus. La Tunisie mérite bien mieux que cette mafia qui l’a prise en otage.
M.A.