Edito
Surréalisme politique
Par Mohamed Abdoun
En journalisme, il faut s’efforcer à tout lire. Tout ce qui vous tombe sous les yeux. Cela enrichit la culture générale, les connaissances et les références, ma foi incontournables pour la rédaction d’un article solide, « sourcé », référencé et étayé par les rappels historiques de rigueur. Ainsi.
Je me suis amusé à parcourir, pendant un court moment d’oisiveté, à parcourir une dépêche de la MAP. Mal m’en prit. Cette dépêche, dithyrambique de l’agence de presse marocaine s’intitule comme suit : « Le Maroc a donné de profondes leçons en matière de respect du pluralisme ». le premier électrochoc passé, et au lieu de prendre le parti d’en sourire, j’ai fini par me dire que les erreurs grossières et flagrantes qu’entasse Mohamed VI dans ses « don-quichottesques » guerres contre tous, l’exposent désormais au vu de tous. Toutes les combines de ce roi fainéant sont désormais percée à jour.
Sa panique est désormais si grande qu’il ne peut plus se permettre de jouer le jeu. Faire semblant. L’intermède islamiste se ferme au Maroc aussi brusquement qu’il avait été ouvert par Rabat dans la foulée des printemps arabe, et de cet illusionniste de Mohamed VI qui avait tenté de faire accroire que son royaume s’ouvrait en fin à la démocratie et aux libertés, histoire d’amortir l’onde de choc de ces artificielles. Le PJD islamiste d’El Otmani et Benkirane, à qui le gouvernement avait été accordé sans aucune prérogative régalienne, ne pouvait raisonnablement passer du jour au lendemain de plusieurs victoires successives et écrasantes à cette cuisante et humiliante défaite qui est présentement la sienne. Certes la situation socio-économique au royaume chérifien n’est guère reluisante. Un peu à l’image des « Nahdhaouis » tunisiens, les PJDistes marocains ont assumé le rôle peu glorieux de « pare-chocs » au profit du Makhzen.
L’officialisation de la normalisation des rapports délictueux et incestueux avec l’entité sioniste a certes contribué à cette chute somme toute attendue. Il n’en demeure pas moins qu’elle ne traduit absolument pas la volonté du peuple marocain, mais uniquement celle, d’essence dictatoriale, basée sur le simple fait du prince, ou du roi plutôt. Ce dernier ne se donne même plus la peine de faire semblant, pris qu’il est par l’urgence et la gravité de la crise multiforme à laquelle le royaume chérifien doit aujourd’hui faire face. D’où le passage du PJD de 125 à seulement 12 sièges, dans une assemblée croupion qui en compte 395.
Mohamed VI, qui usurpe une fois de plus la souveraineté et la volonté de son peuple, vient d’accorder la part belle à son ancien conseiller et camarade de classe Fouad El Himma du PAM (parti pour l’authenticité et la modernité) et, surtout, le RNI (rassemblement national indépendant) du richissime Aziz Akhanouch. Ce dernier, également proche de Mohamed VI, est très certainement le futur premier ministre.
Son forcing grossier, favorisé de manière directe par ce roitelet à bout de souffle et en perte de vitesse, va très certainement faire de lui le futur chef du gouvernement. Ce vote scelle la victoire de la mafia, de la rapine, de l’argent sale, de la prédation et du trafic de drogue. Le fait que Mohamed VI ait dû se résoudre à « rappeler » ses amis et complices c’est qu’il ya bel bien le feu dans la baraque royale. Il a usé ses atouts jusqu’à la corde. Il a également trop abusé de la patience de ceux qui ont eu à le supporter pendant bien longtemps. L’heure de rendre des comptes va très bientôt sonner…
M.A.