Election présidentielle française : Les candidats de l’extrême droite stigmatisent abusivement l’immigration
A moins de trois mois du premier du scrutin présidentiel français, la campagne électorale des candidats déclarés s’emballe contre… la communauté immigrée. La tendance est particulièrement significative dans le camp de la droite et de l’extrême droite. Marine Le Pen et Eric Zemmour en font quasiment le thème générique de leurs discours électoraux, quitte à faire des promesses irréalistes et déraisonnées et à fournir des données dénuées de sens et de fiabilité. Dans ce registre, Eric Zemmour décroche haut la main la palme d’or. Dernièrement, il a affirmé que les demandeurs d’asile politique coutent cher à l’Etat. Se référant à la loi de finances de 2021, il a livré, à ses partisans, un chiffre troublant : les dépenses de la France dans l’hébergement et les aides financières accordées aux réfugiés politiques, dans l’attente de la régularisation de leur situation, s’élèvent à 1,3 milliard d’euros annuellement. Sans mentir sur le montant, le candidat à un mandat à l’Elysée, l’a expurgé de détails qui l’auraient largement relativisé. Infomigrants, un site d’informations destiné aux ressortissants étrangers établis en France, lui a apporté la précision : « Ainsi, loin des effets d’annonce alarmistes, la somme pointée par Éric Zemmour ne représente que 0,2 % du budget total du pays. Une goutte d’eau dans les finances de l’État ». Eric Zemmour prend l’Algérie comme sa cible privilégié. Le 17 janvier courant, il a dénié à notre pays le droit d’exiger « la repentance de la France » pour ses crimes commis pendant la colonisation, Il a mis dans la même case le bourreau et sa victime. « Il y a eu des massacres, des affrontements, je ne le nie absolument pas, mais en face ils ne combattaient pas avec des roses, c’est l’histoire du monde » » a-t-il lancé devant l’Association de la presse étrangères, selon le compte-rendu de l’AFP. Il a aussitôt annoncé qu’il « supprimerait, s’il était élu, l’accord de 1968 facilitant le travail et le séjour des immigrés algériens ».
Marine Le Pen joue aussi pleinement la carte de la suprématie des français de pure souche sur leurs compatriotes, d’origine étrangère, jusqu’à vouloir créer une discrimination dans l’attribution des allocations sociales. Elle s’engage, si elle est élue, à réduire drastiquement le flux migratoire en direction de l’Hexagone et à durcir les conditions d’acquisition de la nationalité française. Les candidats, aux élections primaires de la droite, ne se mettent nullement en porte-à-faux de cette propension à stigmatiser la communauté immigrée. Xavier Bertrand escompte baisser à 30 % le nombre des immigrés éligible au droit de travailler sur le sol français et à « diviser par trois l’immigration familiale ». Valérie Pécresse propose de ne plus accorder systématiquement « le droit du sol » aux enfants des étrangers nés en France. Éric Ciotti veut mettre un terme net au « regroupement familial » et de conditionner la naturalisation des étrangers par une résidence permanente dans le pays pendant au moins dix ans, sans aucun ennui avec la justice. Michel Barnier souhaite carrément stopper net l’immigration.
Ces candidats surfent, en fait, sur les craintes des français, échaudés par l’érosion du pouvoir d’achat, et les politiques du tout sécuritaire prônées par les gouvernements succesifs, notamment après les attentats perpétrés contre le siège de Charlie Hebdo et le Bataclan en 2015.
Soulef B.