Élections locales anticipées – Les enjeux de la participation
Deux formations de l’opposition, le Parti des Travailleurs et le FFS en l’occurrence, rejoignent le contingent des partis politiques et des indépendants déjà en lice pour les élections locales anticipées convoquées pour le 27 novembre prochain. Il est attendu que le RCD et d’autres entités politiques, ayant boycotté les législatives anticipées, adoptent une position similaire. Chacun y va de ses arguments pour justifier la participation aux prochaines joutes électorales. Le bureau politique du Parti des travailleurs relève : « les élections locales sont celles qui intéressent le plus les citoyennes et les citoyens en raison des missions des assemblées locales ». Bien qu’il estime que leur organisation est inopportune dans la conjoncture actuelle, il précise qu’il convient de « débattre de la question avec sérieux et responsabilité ». Plus franc, le Premier secrétaire du FFS, Youcef Aouchiche a expliqué, samedi dans une conférence de presse, que le Front s’engage dans la bataille électorales pour « donner un sens à la représentation locale et remettre la politique à la place qui devait être la sienne ».
A vrai dire, les enjeux des élections municipales sont clairement stratégiques. Rater ce scrutin équivaut à compromettre sérieusement les chances d’intégrer le temple parlementaire à sa prochaine législature. L’article 102 de la loi organique portant régime électorale (révisée en 2021), conditionne la validation de chaque liste de candidats à la députation, présentée sous une chapelle partisane, par l’obtention de plus de 4% des suffrages exprimés lors des élections législatives précédentes (critère impossible à remplir pour les partis politiques ayant boudé les urnes le 12 juin dernier) ; être parrainé par 10 élus par circonscription électorale ou bien devoir collecter 250 souscriptions d’électeurs par siège à pourvoir. Les partis politiques, qui ne prennent pas une option sérieuse pour le Rendez-vous électorale du 27 novembre, seront confrontés fatalement à des écueils insurmontables lors des échéances suivantes, de la présidentielle, aux législatives puis les locales. Ils se condamneront presque à rester longtemps exclus des institutions élues. Au-delà, ils n’auront pas œuvré à consolider l’ancrage des militants et partisans à la base.
Il s’agit aussi de préserver absolument le contrôle sur les APC et les APC acquises en 2017 et même faire mieux en gagnant de nouvelles. Ce n’est guère une gageure. L’ensemble des partis politiques se placeront sur les starting-blocks de la course électorale, quasiment à chances égales, ne serait-ce que parce que le PFLN, le RND et les islamistes ne constituent plus des machines électorales redoutables (les résultats des législatives en attestent). Ils ont été considérablement affaiblis par les crises organiques, le discrédit et l’émergence d’une nouvelle élite politiques majoritairement indépendante. A ce titre, la traditionnelle prime à l’édile sortant n’est plus de mise. Le challenge des prétendants aux sièges à pourvoir dans les assemblées locales, quelle que soit leur obédience, serait de transcender, avant tout, le spectre de l’abstention, en donnant aux électeurs de bonnes raisons pour aller voter.
Soulef Biskri