Elections locales anticipées : Les jours des élus locaux, sont comptés
Les Algériens devront-ils pousser un ouf de soulagement maintenant que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a signé le décret de convocation du corps électoral pour le 27 novembre prochain dans le cadre des élections législatives anticipées.
Cette élection participe à asseoir les bases d’une Algérie Nouvelle telle que voulue par les citoyens algériens depuis les premiers jours du Hirak en février 2019, avec tous les changements que cela laisse entendre.
Le 12 juin dernier, les Algériens ont élu les membres de l’APN, une élection d’où l’argent a été banni et où les jeunes ont fait une apparition inhabituelle mais salutaire. Les élections législatives ont été d’une transparence complète et aucune contestation sérieuse n’a pu être faite.
Il fallait compléter par ces élections locales, beaucoup plus importantes pour les citoyens car touchant de près à leur vie de tous les jours, surtout depuis l’annonce de la tenue de ces locales qui ont fait que la grande majorité des APC et des APW sont tombées en hibernation, laissant les habitants se débattre dans des difficultés insurmontables, sans AEP, les ordures envahissant les quartiers, sans amélioration urbaine, sans aucune présence des élus.
Outre cette absence remarquée et inexpliquée, les élus locaux (APC surtout) se sont focalisés sur le règlement de nombre de leurs affaires personnelles, surtout avec la convocation d’anciens P/APC rattrapés par une gestion catastrophique des communes, qui ont vu l’attribution de grandes superficies de terrains, souvent agricoles, de manière illégale et sans aucune transparence.
Les affaires de corruption sont très nombreuses au sein des différentes juridictions pénales du pays et une grande partie des anciens élus se tiennent le ventre, de peur d’être convoqués par la justice pour leurs gestions des collectivités locales.
Maintenant, il s’agit d’opérer une coupure salutaire d’avec les anciennes pratiques basées sur un clientélisme malsain, l’argent sale des bookmakers politiques, l’arnaque et le culte de la personnalité. Nous devons bannir tout cela lors des prochaines élections locales, les candidats doivent être triés sur le volet, surtout pour ce qui est de l’instruction et de la probité.
Les jeunes sont appelés à s’y mettre à fond, ils doivent s’armer de compétence, de savoir et de savoir-vivre, de probité, être sincères avec leurs électeurs, ils doivent racheter la crédibilité mise à mal par leurs prédécesseurs, ils doivent redonner ses lettres de noblesse à l’élu qui est beaucoup plus assimilé à un prédateur qu’à autre chose.
Qu’ils soient honnêtes ou non, les élus sont tous mis sur le même pied d’égalité, on les regarde comme on regarde des repris de justice et il est vraiment rare qu’un élu reparaisse dans les rues et les quartiers après la fin de sa mission : la grande majorité se cachent, qu’ils soient coupables ou non, afin de fuir l’opprobre de la population.
C’est une petite histoire qui m’est arrivée personnellement, je me trouvais avec un ami quand nous avons rencontré l’ex maire de la ville où nous habitons.
Le connaissant de longue date, l’ex maire m’a salué et je lui ai rendu son salut, ce qui fit sortir mon ami de ses gonds : « si jamais lorsque nous reviendrons tu lui rends son salut tu auras mon poing sur la figure, tu ne dois pas t’abaisser à saluer cette racaille », m’a-t-il lancé d’une voix courroucée.
Nous voyons par là où est arrivée la réputation de l’élu, il se fait injurier à longueur de journée, il devient infréquentable, insupportable et est rejeté par la société qui l’a porté aux nues il y a quelques années. Mais il faut dire que la plupart des élus, pour ne pas dire tous, ont tout fait pour arriver à se faire haïr de la sorte, même s’ils n’ont pas volé ou détourné des logements, de l’argent, des terres, ils n’ont rien fait pour empêcher les autres de le faire et ils n’ont rien fait pour ceux qui les ont élus et à qui ils ont fait des centaines de promesses.
Donc, maintenant que la date des élections est connue, les hommes de bonne volonté doivent s’imposer et imposer leur vision claire et honnête de la vie en société, ils doivent s’organiser en groupe et se serrer les coudes car ils navigueront dans des eaux troubles, noircies par ceux-là mêmes qui ont abusé des personnes et des biens de la communauté.
La bataille sera difficile car se déroulant sur des terrains marécageux, avec des pièges de toutes sortes mis en place par ceux qui ne veulent pas lâcher prise, car ils ont pris l’habitude de s’empiffrer jusqu’à ne plus pouvoir, sans aucun regard pour ceux qui les ont élus.
Mais il ne faut surtout pas croire que tous les élus qui sont passés par les communes ou par les APW sont tous du même acabit, il y en a qui sont honnêtes, sincères, probes, aimant leur pays plus que tout au monde, mais, minoritaire devant la gabegie et la rapine, ils n’ont rien pu faire, sauf essayer d’apporter un peu de lumière dans la grande nuit des citoyens victimes des rapaces qui ont tout détruit sur leur passage.
Ces élus honnêtes auront aussi leur place parmi les prochaines assemblées pour aider et guider les jeunes dans leur noble mission.
Nos jeunes et moins jeunes honnêtes et probes auront pour eux leur sincérité, leur savoir, leur probité, leur volonté de bien faire et, s’ils font bloc, ils gagneront la dure guerre qui s’annonce déjà.
Nous souhaitons à tous ceux qui veulent participer au grand changement et à la mise sur rails de l’Algérie Nouvelle. Toutes les réussites sont possibles, n’ayez crainte, Dieu est avec vous et les Algériens vous ont déjà apporté leur soutien.
Tahar Mansour