Elections locales : recherche candidats honnêtes désespérément
Déjà, depuis l’Intifadha algérienne en février 2019 et sa réussite par l’organisation d’une élection présidentielle en décembre de la même année, élection qui a vu le retour d’une des plus grandes victimes de l’ancien système, en l’occurrence Abdelmadjid Tebboune, qui, par un juste retour des choses se retrouve à la tête du pays, l’espoir des citoyens BCBG algériens s’est reporté sur ce qui les touche directement, c’est-à-dire les élections locales grâce auxquelles ils verront la quasi-totalité de leurs problèmes quotidiens résolus, après être passés, bien entendu, par la révision de la Constitution et les élections législatives qui leur permettent d’avoir des lois plus justes et une assurance meilleure pour leurs libertés et leurs droits.
N’était-ce la survenue intempestive d’une pandémie qui a chamboulé toutes les prévisions, nous aurions peut-être déjà de nouvelles assemblées locales aux niveaux de wilaya et communal.
La Covid-19 ayant faussé toutes les prévisions d’un côté, en plus de campagnes insidieuses de la part de tous les ennemis de l’Algérie, de l’intérieur et de l’extérieur, ont retardé encore plus la tenue de ces élections, ô combien importantes, car touchant à la vie de l’ensemble de la population et constituant une condition essentielle à la paix sociale et donc à la relance de l’économie nationale, objectif primordial du programme du président Tebboune.
Finalement, après l’installation de la nouvelle APN, le président de la république vient d’annoncer, au cours d’une réunion du Conseil de Sécurité, la tenue des élections locales pour le mois de novembre si la situation sanitaire le permet. Aussitôt, c’est le branlebas de combat dans les états-majors politiques et chez nombre de jeunes indépendants qui veulent réitérer la réussite obtenues lors des élections législatives.
Mais c’est auprès de nos compatriotes lambda que nous avons essayé d’en savoir un peu plus sur ceux qu’ils attendent des prochaines élections locales, des élections d’une importance capitale pour nous autres, population locale en contact direct avec les élus locaux, nos représentants et nos porte-paroles auprès des autorités.
Le premier personnage que j’ai questionné m’a presque fait abandonner ce projet de connaitre les avis des gens et de les publier. Il s’agit d’un jeune homme, licencié de nos universités mais qui n’a trouvé comme débouché que l’enseignement. Lorsqu’il entendit la question : « qu’est-ce que vous attendez des nouvelles assemblées locales ? », son visage se métamorphosa et, si je n’avais été plus âgé que lui, je crois qu’il m’aurait tabassé sur le champ. S
a réponse fut cinglante : « nous n’avons pas d’assemblées locales, nous avons des prédateurs, donnez-moi un seul nom qui aurait accompli son mandat d’élu honnêtement », répond-il, les yeux hors de la tête. Prenant mon courage à deux mains, j’osais une deuxième question : « Mais pourquoi toute cette hargne ? Il y a quand même des gens honnêtes, non ? ».
« Non, il n’y en a pas, ceux que vous prenez pour des gens honnêtes, ou qui font semblant sont pire que les autres, au moins les premiers s’affirment ouvertement, ceux qui se disent honnêtes sont d’une duplicité inégalée, sinon, qui les empêche de démissionner quand ils se trouvent au milieu de tous ces requins ? », répond-il d’une traite. Il n’y a aucun commentaire à faire.
Le choix se porta ensuite sur une personne âgée, plus de soixante-dix m’avoue-t-il presqu’à voix basse. « Vous connaissez le maire de notre ville ?
Depuis quand l’avez-vous à travers la ville ? Et les autres élus, avez-vous essayé de vous en approcher ou d’être reçu pour régler un problème ? Alors, ne parlez surtout pas d’élus locaux ou autres, ils sont tous les mêmes, ils viennent pour se remplir les poches, régler leurs propres affaires et ils s’en vont. Montrez-moi un seul élu qui se promène en ville comme lorsqu’il était simple citoyen comme vous et moi, qu’il soit toujours en mandat ou qu’il l’ait terminé, ils se cachent, ils ne peuvent plus se montrer en public car ils seraient roués de coups ou même tués ».
Il faut dire que la hargne avec laquelle il m’assena sa réponse m’a pris au dépourvu, même si je m’attendais un peu à pareilles réponses.
Je continuais mes pérégrinations et je me dirigeai ensuite vers un militant d’un parti qui a pignon sur rue. Là, la réponse fut toute autre, il m’expliqua qu’il allait se porter candidat, qu’il avait toutes les chances d’être élu car il est jeune : « vous savez, il faut bien qu’il y ait des gens qui se sacrifient pour gérer nos communes et il faut aussi barrer la route aux profiteurs. Je n’ai besoin de rien, j’ai ma propre villa, j’ai un commerce prospère et je veux faire quelque chose pour ma ville, je voudrais seulement qu’on me fasse confiance », a-t-il annoncé, comme s’il récitait une réplique bien apprise.
Le président d’une association caritative tint presque le même discours, et rappela que : « grâce à mon travail au sein de mon association, je connais tous les problèmes et les carences de ma ville, je voudrais tant aider tous mes concitoyens, mes amis, mes voisins, je ne laisserai aucune ornière, j’ouvrirai grandes les portes de la commune aux investisseurs pour garantir un emploi aux habitants et des rentrées financières à la commune ».
Il ne voulait presque pas s’arrêter, il voulait énumérer toutes les bonnes actions contenues dans son programme : « s’il vous plait, dites-leur que je ne suis pas comme les autres, que je ne veux que le bien de la société dans laquelle je vis », a-t-il terminé. Pourrons-nous croire ce cri qui parait sortir de ses entrailles ? J’aurais aimé que l’un des deux premiers que j’avais questionné l’écoutât, mais c’était trop tard.
Un ancien élu d’une commune que j’ai croisé par hasard fut l’autre algérien que je questionnais sur les prochaines élections : « vous savez, j’ai été élu deux fois de suite et je sais ce qui s’y passe. Déjà, pour être sur la liste, il fallait débourser de grosses sommes ou occuper un poste important, un poste dont ils ont besoin. La place occupée dans la liste était discutée âprement, et il fallait avoir beaucoup de chance pour être élu. Une fois élu, vous deviez obéir à vos sponsors, vous n’aviez aucune liberté de manœuvres, il fallait exécuter les ordres », a-t-il déclaré, les yeux perdus dans le vide, comme s’il voulait noyer l’amertume qui se dégageait de ses paroles.
« Avez-vous l’intention de vous porter candidat ? », lui ai-je demandé. « Certainement pas, car il faut dire que je n’aurai aucune chance et je préfère laisser la chance aux jeunes, ils sont plus motivés et pourront certainement faire mieux que moi », répond-il.
Les autres que j’ai questionnés ont donné des réponses presque similaires.
La question qui me taraude l’esprit maintenant : où allons-nous trouver des élus réellement sincères, qui ne se présentent aux prochaines élections que pour le bien de tous ?
La question reste posée, y a-t-il une réponse ?
Tahar Mansour