Elle quittera son poste en septembre 2021 : Merkel, la dernière ligne droite
Elle a côtoyé quatre présidents français en fonction, Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron. Elle a négocié avec cinq premiers ministres britanniques, Blair, Brown, Cameron, May et Johnson.
A partir du 20 janvier prochain, elle aura traité avec quatre présidents américains, Bush fils, Obama, Trump et Biden. Durant son règne, elle a même vu passer six présidents allemands.
Angela Merkel, est la doyenne des dirigeants européens.
Quand elle quittera ses fonctions après quatre mandats et presque seize ans à la tête du pays au lendemain du 26 septembre 2021, une page d’histoire va se tourner pour l’Allemagne et pour l’Europe.
« A partir de la fin de septembre 2021, les Allemands devront s’y faire. Angela Merkel ne sera plus leur chancelière. Dans la logique d’une démocratie dynamique, les quasi seize années qu’elle a passées à la tête de la première puissance européenne devraient être une hérésie », écrit Stéphane Bussard, journaliste éditorialiste au Temps, quotidien d’information suisse.
« Même les Allemands qui n’ont jamais voté pour Angela Merkel sont soudain mélancoliques, voire inquiets, quand ils songent au départ de cette chancelière qui, fête les 15 ans de son arrivée au pouvoir », estime de son côté le Point International.
Une chancelière de plus en plus populaire
Une sympathie que les sondages reflètent plus que jamais. Selon le baromètre Deutschland-Trend publié à la mi-novembre par la chaîne de télévision publique ARD, 74 % des Allemands sont aujourd’hui satisfaits du travail de leur chancelière. Une forte hausse par rapport à la période juste avant la pandémie. Elle transgresse l’appartenance politique.
Angela Merkel est encore plus populaire aujourd’hui que lors de son élection en 2005. Soixante-douze pour cent des Allemands l’approuvaient à l’époque. Une seule fois, en 2015 quand elle refusa de fermer les portes de son pays aux réfugiés, sa solide courbe de popularité flageola.
La pandémie profite aussi à l’ensemble de la coalition noire (CDU-CSU)-rouge (SPD) puisque deux tiers des Allemands (67 %) se disent satisfaits du travail qu’effectue le gouvernement sous la houlette de la chancelière. Quel contraste avec la grogne il y a un an à peine quand les analystes politiques prédisaient l’éclatement de cette alliance si difficile et la tenue d’élections anticipées !
La tête froide même en temps de crises
Un peu comme le chancelier social-démocrate Helmut Schmidt dans les années 70, Angela Merkel est une de ces dirigeantes qui est au meilleur de sa forme en temps de crise. La crise financière l’avait déjà catapultée en tête des sondages.
La crise sanitaire l’ancre solidement dans le cœur des Allemands. Pour la première fois, cette physicienne de formation est en effet capable de mettre à profit ses compétences scientifiques.
Les Allemands ont l’impression qu’ils sont entre de bonnes mains et sont rassurés. Angela Merkel, qui, il n’y a pas si longtemps, fut tant critiquée pour son attentisme, sa politique des petits pas et son manque de vision globale, est soudain louée pour sa prudence, sa capacité à garder la tête froide et à analyser calmement la situation.
Pourtant, Angela Merkel aimerait mettre le pied sur l’accélérateur. Elle ne se prive pas de critiquer les ministres présidents des seize Länder lorsqu’ils refusent d’imposer des mesures de confinement plus strictes.
L’an dernier, elle détrônait Konrad Adenauer, quatorze ans au pouvoir. L’an prochain, « la gamine « égalera son père spirituel Helmut Kohl, seize ans au pouvoir, qui colla ce surnom à sa protégée avant que celle-ci ne lui succède et devienne la première femme et la première Ossie (Allemande de l’Est) à la tête de l’Allemagne.