Elle s’impose à nouveau : la diplomatie algérienne sur tous les fronts
La diplomatie algérienne a retrouvé un « punch » et une « agressivité » qui lui ont fait défaut de longues années durant. Si sa présence à travers le monde se fait davantage ressentir, elle s’est surtout dotée d’un nouveau discours, beaucoup plus franc, tranché, et traduisant clairement des orientations sans communes mesures avec le passé. Cette évolution a d’abord été notamment observée dans le dossier Maroc. Des réactions très vives et des communiqués rédigés avec des termes à la hauteur de l’agression dont l’Algérie faisait l’objet ont été régulièrement publiés en réponse à des provocations qui étaient passées sous silence autrefois. Les algériens ont découvert que le pays avait décidé de mettre fin à la politique de « l’indifférence » ou de la « neutralité » qui avait été longtemps de mise. Les mots « ennemis », « hostilités » et « valets d’Israël » ont très vite remplacé les termes « frères de l’Ouest » rabachés y compris lors de graves événements ou déclarations faites à Rabat à l’encontre de l’Algérie. L’évolution dans ce sens s’est toutefois faite progressivement, elle a été d’abord marquée par des mises en garde successives avant de se diriger vers une rupture des relations diplomatiques non encore digérée par le Maroc.
Avec les France, l’Algérie a fait preuve d’une offensive carrément historique. Pour la première fois de son histoire, des dirigeants algériens ont procédé à un gel du dialogue avec Paris pour protester contre les déclarations graves du chef de l’Etat français mais aussi du traitement dont fait l’objet l’Algérie dans le dossier des visas. Pour bien faire comprendre que son pays n’était pas prêt à courber l’échine ou passer des propos humiliants, Abdelmadjid Tebboune a rappelé son ambassadeur à Paris, fermé l’espace aérien à l’aviation française en partance pour le Mali, puis rejeté l’invitation que lui avait adressée Emmanuel Macron en Novembre dernier. Quelques semaines plus tard, il révélait ( dans une interview à Der Spiegel) avoir refusé de répondre à un appel téléphonique du chef de l’Etat français.
Tous ces événements sont venus s’insérer dans le travail courant d’une diplomatie que l’on sent sur le qui vive. Un gros travail est en cours au sein de L’Union africaine ou l’Algérie a imposé un débat à venir (sommet de février) pour protester contre la présence d’Israël en qualité de membre observateur. Le pays prépare aussi activement le sommet de la Ligue arabe prévu à Alger en Mars prochain. Il s’est fixé le défi de réunir toutes les organisations palestiniennes et de faire de la cause palestinienne l’élément central de la cette rencontre dans une conjoncture marquée par la trahison de plusieurs Etats arabes. Dans le cadre de cette préparation, le ministre algérien s’est rendu ce mardi en Arabie saoudite. Selon l’agence de presse saoudienne, il était porteur d’un message fraternel du président Tebboune au roi Benselmane. Depuis quelques jours, plusieurs médias égyptiens annoncent aussi une prochaine visite du chef de l’Etat algérien au Caire, mais aucune confirmation officielle n’a été enregistrée côté algérien.
L’Algérie est aussi très active sur le plan régional ou un important redéploiement est observé depuis un moment. L’Axe Alger-Tunis est plus que jamais renforcé et de nouvelles importantes perspectives s’ouvrent avec la Mauritanie. Depuis quelques jours, on observe aussi le ton monter dans les réactions algériennes à la situation qui se déroule au Mali. Engagée depuis de longue date dans un processus visant à rétablir la paix dans ce pays, Alger se dresse de nouveau au côté de Bamako frappé de plein fouet par des sanctions très dures de la CEDEAO.
Amel Zineddine