Dans un court entretien accordé par le président français Emmanuel Macron au journal L’Humanité, celui-ci continue en quelque sorte de souffler le chaud et le froid, quoiqu’il soit revenu de ses égarements premiers, quand il comparait à Daech la résistance légitime du Hamas, et appelait, lors de sa première tournée moyen-orientale à une « coalition mondiale contre celle-ci. « Nous devons continuer à prendre l’initiative. Nous avons été les premiers Occidentaux à engager, aux côtés de la Jordanie et des Émirats arabes unis, des initiatives diplomatiques pour appeler, par des résolutions, au cessez-le-feu. Nous continuons de le faire en mettant la pression diplomatique sur Israël. Puisque c’est une démocratie, cela lui confère des obligations dans la région : une démocratie ne peut pas faire ce qu’Israël est en train de faire ». c’est sur ce premier point que Macron se trompe volontairement, après avoir qualifié de « terroriste » l’attaque du 7 octobre passé, comme si l’histoire sombre de la Palestine n’avait commencé que ce 7 octobre. Toujours est-il qu’Israël n’est pas du tout une démocratie, mais carrément un régime d’apartheid, dûment documenté par d’épais rapport d’ONG crédibles telles qu’Amnesty Internationale et Human Rights Watch. « J’ai dit au premier ministre Benyamin Netanyahou qu’à mes yeux Rafah était un point de rupture dans ces opérations. Rafah, c’est une partie de Gaza où vivaient, avant la guerre, 200 000 habitants et qui accueille désormais 1,4 million de personnes, alors que 80 % des édifices sont totalement rasés. D’ores et déjà, la situation humanitaire y est intenable ». Certes, Rafah est une ligne rouge. Mais, auparavant, près de 29.000 Palestiniens sont morts, principalement des femmes et des enfants. Il ne s’agit rien moins que d’une inacceptable politique de deux poids-deux mesures suivie par la France, et avec elle l’ensemble des dirigeants occidentaux. « Le cabinet militaire israélien est divisé. C’est aussi la raison pour laquelle j’exerce cette pression. Benyamin Netanyahou pose une telle opération comme la condition d’une éradication du Hamas. Tout le monde partage cette volonté. Mais la responsabilité d’une démocratie, c’est de lutter contre le terrorisme en respectant les droits. Vouloir lancer une telle opération, même si des combattants du Hamas s’y trouvent, c’est la certitude d’une catastrophe humanitaire ». C’est dire que la France officielle se noie dans ses propres conjectures, alors que la logique, la morale et le droit international lui dictent de forcer la main à Israël, en l’obligeant, en sa qualité de membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU, à cesser ses massacres vengeurs, nazis et criminels. En réponse à l’éventuelle reconnaissance d’un Etat palestinien par la France Macron se montre plus fuyant que jamais. « J’y suis ouvert mais il faut trouver le bon chemin. Je veux le faire au moment où ce sera utile. Nous allons devoir demander à Israël un effort. Seule une issue politique peut être porteuse de paix, au Proche-Orient et au-delà, car la question palestinienne est une matrice ». en attendant, les Palestiniens, femmes et enfants en tête, continuent de mourir dans d’atroces souffrances par centaines chaque jour que Dieu fait.
Ali Oussi