Dans une étude consacrée à l’entrepreneuriat des jeunes en Algérie, Youghourta Bellache, enseignant à l’université de Béjaïa, indique que les personnes plus âgées et les chefs de familles sont «plus susceptibles de s’engager dans une activité entrepreneuriale ».
L’accès à l’entrepreneuriat est aussi «associé à un faible niveau d’éducation. Les jeunes plus éduqués ont tendance à préférer le statut de salarié ou rester au chômage ». Aussi, relève l’auteur de cette étude publiée à la Revue Maghreb Machrek, «le genre constitue un déterminant significatif. Les femmes sont moins susceptibles que les hommes d’accéder à l’entrepreneuriat ». Les résultats de ce travail de recherche montrent aussi que «la catégorie socioprofessionnelle des parents, notamment celle du père, constitue un déterminant majeur de l’accès des jeunes à l’entrepreneuriat. Les jeunes dont les parents sont entrepreneurs ont plus de chances de devenir eux aussi entrepreneurs ».
La typologie des entrepreneurs élaborée montre que «les femmes se distinguent nettement par des revenus plus faibles, l’absence de réseaux de soutien et la nature de leur activité (services) ». Par ailleurs, l’universitaire relève «l’importance cruciale des réseaux familiaux dans l’activité entre-preneuriale des jeunes, particulièrement pour les femmes peu instruites ». A ses yeux, «la faiblesse de l’activité entrepreneuriale en Algérie s’explique par la nature de l’environnement global qui demeure fortement contraignant pour les entrepreneurs, a fortiori pour les jeunes et aussi par des facteurs individuels propres aux entrepreneurs et leur environnement immédiat ».
Compte tenu du déficit d’éducation et de formation des jeunes entrepreneurs, M. Bellache trouve « judicieux de concevoir des programmes de formation adaptés pour ces jeunes et de renforcer ceux déjà existants en améliorant leur efficacité ». Il est aussi important «d’impliquer les chambres et associations professionnelles et les collectivités locales dans ces programmes de formation afin de faciliter l’accès au plus grand nombre ». Au chapitre des recommandations, l’universitaire indique qu’il «convient ainsi d’encourager la création de réseaux professionnels et associatifs et de renforcer ceux déjà existants ». Compte tenu des problèmes spécifiques rencontrés par les femmes entrepreneures, l’auteur de l’étude préconise « l’encouragement de la création de réseaux dédiés exclusivement aux femmes et de mener des campagnes d’information et de communication pour valoriser l’entrepre-neuriat féminin et inciter plus de femmes à entreprendre ». De façon plus générale, «les pouvoirs publics devraient offrir un cadre global favorable à l’entrepreneuriat en favorisant la création d’écosystèmes entrepreneuriaux au niveau local, impliquant les acteurs locaux, les centres de formation et les universités ».
Mohamed Ait Said